Quelques heures plus tard, je me retrouve à une armurerie pour pratiquer l'apprentissage du tir. Emiko a décidé de m'amener là-bas pour que je m'exerce en toute sécurité. Elle connaissait le propriétaire des lieux, ce fut donc facile d'accéder à cet endroit.Un casque sur les oreilles et des lunettes pour me protéger de projectile, positionné dans un espace protégé, délimité par des baies vitrées, j'observe fixement ma cible à la forme humaine. Emiko est près de moi et j'écoute ses instructions.
- Maintenant que tu as bien vérifié la sécurité de ton arme, tu vas te positionner et viser ta cible, annonce la jeune femme.
Je m'exécute, impressionné à l'idée de tenir une arme à feu entre les mains. C'est bien plus lourd que je ne le pensais. Mes deux mains tiennent fermement le pistolet et mon index reste éloigné de la gâchette.
Le canon pointé vers la cible, je tourne légèrement la tête vers Emiko qui m'observe, adossé contre la baie vitrée, les bras croisés. Son expression est sérieuse et concentrée.
- Ensuite ? dis-je.
- Si tu te sens prêt, tu peux mettre ton doigt sur la gâchette.
Je positionne mon index sur la gâchette, un brin stressé. Si je suis correctement les consignes, je ne risque rien. Emiko est une bonne formatrice.
Emiko se redresse et s'approche de moi. Elle dérive son regard sur la cible.
- A présent, je te demande de faire preuve d'une grande concentration et de viser avec ton œil dominant.
- Mon œil dominant... soufflé-je en m'exécutant.
Je ne me suis jamais autant concentré de ma vie. Je ferme un œil, la sueur menaçant de couler le long de mes tempes.
- Pose ton index sur la gâchette et lorsque tu le sens, tire.
Je n'ai pas à m'inquiéter des autres obstacles étant donné que nous sommes protégés par de nombreuses baies vitrées. Emiko porte également des lunettes et un casque pour se protéger. Tout se passe bien alors pourquoi est-ce que j'ai si peur ?
Ça me rappelle l'entrepôt, en Corée. Les mafieux tiraient avec tant d'aisance et de dextérité.
Je décide de prendre une grande respiration et avec mon œil fermé, j'ose tirer. La gâchette est tout aussi lourde que l'arme et il me faut bien appuyer pour que la balle sorte du canon.
Mon amie s'est reculée pour observer l'exercice. Malgré le casque, la détonation me strie les oreilles. C'est tellement bruyant !
La balle pénètre la cible, au niveau de l'épaule.
- Ce n'est pas trop mal pour un début, me dit Emiko en secouant la tête. Continue, tu as six essais.
Je fronce légèrement les sourcils et presse ma manche sur mon front. Je renouvelle la tentative et cette fois-ci la balle se niche au niveau du torse de la cible. Tirer ne me procure aucune sensation. Je pensais que je serais plus excité que ça.
Emiko reste auprès de moi durant toute l'après-midi. Je ne cesse de m'entrainer au tir. Parfois, je manque la cible et la balle heurte le mur. D'autre fois, elle s'introduit dans la cible, à différent endroit. Emiko me dit que pour un novice, je me débrouille très bien. J'ai du mal à la croire.
En fin d'après-midi, épuisé par cet entrainement, nous quittons l'établissement. J'ai l'impression d'avoir des cloques entre les doigts et des courbatures aux mains. C'est plus physique que je ne l'aurais cru.
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Yakuza
RomanceYakuza [ BxB ] Yoshiro Tamura est un jeune homme de vingt-trois ans. Récemment arrivé à Tokyo, il se démène à joindre les deux bouts pour survivre dans cette ville dense. Enchainant les petits boulots, il va se retrouver finalement mêlé à un monde s...