Chapitre 42

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Tōji

Lorsque je traverse le quartier de Ueno, je constate que la lune est haute dans le ciel. Les températures commencent à devenir plus douce et le printemps ne va pas tarder à pointer le bout de son nez.

Confortablement installé dans la berline que Ian conduit, j'observe le néon du feu tricolore changer de couleur et les piétons s'agglutiner sur le passage à leur effigie.

Il règne un silence habituel entre Ian et moi, qui ne me dérange absolument pas car je préfère toujours le calme à l'agitation.

Ian tourne le volant et s'engage dans une ruelle qui mène à l'immeuble de Saki, le meilleur ami de Yoshiro.

J'ai décidé de lui rendre une petite visite ce soir, comme cela fait quelques jours que je n'ai pas pu l'embêter.

Ma visite sera brève mais je pourrais au moins maltraiter un peu son corps. J'ai envie de voir son petit visage grimacer sous mes assauts.

Mon homme de main gare la voiture dans un parking non loin de l'immeuble et sort de l'habitacle pour m'ouvrir la portière.

Je sors calmement, le menton relevé et balayant mon regard sur les environs.

Ma main se pose sur l'épaule de Ian.

-          Je n'en n'ai pas pour longtemps, dis-je à mon homme de main.

-          Prenez tout le temps qu'il vous faut, monsieur, me répond Ian en inclinant la tête.

-          Je reviendrai peut-être accompagné, qui sait, raillé-je en esquissant un léger sourire malicieux.

L'idéal serait que Yoshiro reparte avec moi mais connaissant le spécimen, il m'enverra sur les roses avant que je n'ouvre la bouche. Je suis habitué à ces petites crises amusantes. Il est toujours facile de dompter les chats sauvages.

Ian s'adosse à la voiture et s'allume une cigarette. Je lui adresse un dernier regard avant de me mettre en marche vers l'immeuble résidentiel.

Les mains dans les poches de mon costume, j'arpente la rue en étudiant tout ce qui m'entoure. Mes yeux se posent sur une scène que j'ai pu voir de nombreuses fois dans ma vie.

Il n'est pas rare de voir des agressions, des injustices. Voir un garçon se faire frapper par un groupe de voyous ne me choque pas particulièrement mais lorsque je pense reconnaître le meilleur ami de Yoshiro, je m'arrête.

Les yeux plissés, j'observe la scène d'un air désintéressé. Pour un quartier prétendu calme, ils font beaucoup de bruits, ces gamins.

Saki se retrouve propulsé contre une voiture, le nez en sang et les yeux à moitiés ouverts. Il tente de se protéger le visage à l'aide de ses deux bras mais ses agresseurs s'appliquent à lui envoyer des coups de pieds dans les côtes.

Se mettre à trois sur une seule personne, je trouve ça déloyal mais au fond, je m'en fiche. Ce garçon ne m'apporte rien. Tant que Yoshiro est en sécurité, rien d'autre ne m'importe.

Tandis que je m'allume une cigarette silencieusement, je repense à la conversation d'Emiko et de Ian, la veille, dans mon bureau. J'étais occupé à traiter des contrats et légèrement distrait, j'ai compris qu'ils débattaient sur le sujet de Saki et de ce qu'ils devraient faire pour protéger les deux garçons.

Si ces merdeux venaient à se lasser du gamin et décidaient subitement de s'en prendre à Yoshiro, je me verrai obligé de leur trancher la tête. Et comme je sais qu'il est déjà mêlé à cette histoire, cette probabilité va sûrement arriver.

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