Yakuza

Chapitre 103

Le casino est un lieu de détente mais surtout un endroit de décadence, de vice et de luxure. Les fenêtres et horloges absentes des murs mettent les clients dans la confusion, les isolant du temps. Les joueurs sont prient d'une euphorie folle en entendant les jetons tomber des machines. L'appel de l'argent est un vice cruel qui consume petit à petit les clients jusqu'à la débauche la plus totale.

Tōji m'a mis en garde sur ces addictions. Si l'on ressent la frustration prendre le dessus, il est temps d'arrêter.

Muni de quelques billets, je m'amuse à insérer mon argent dans la machine à sou. C'est la première fois que je joue à ce genre de machine et tous ces bruits, toutes ces lumières m'intriguent énormément. Comme c'est le dernier soir à Macao, le yakuza a décidé que nous pouvions nous octroyer ce petit plaisir. De toute manière, je sais bien qu'il me surveille de loin, confortablement installé dans son fauteuil en velours. Accompagné de sa sœur, ils sirotent tranquillement un cognac autour d'amuse-bouche.

On sort du restaurant et pourtant, il continue à se goinfrer !

Emiko rôde près du bar, charmant le barman qui accède à toutes ses demandes. Ses yeux restent rivés vers elle et lorsqu'elle papillonne outrageusement des yeux, il manque de s'évanouir. Emiko est d'une grande beauté, comment pourrait-il résister ?

Lorsqu'il verra son caractère, il ne lui faudra que quelques secondes pour prendre ses jambes à son cou !

Isao s'assoit près de moi, suivi d'Akira qui arbore une meilleure mine que précédemment. Ses cheveux courts sont coiffés sur le côté et quelques mèches rebelles s'éparpillent sur son front. Il suit les logos fluorescents de la machine, intrigué par ce petit manège.

-          Il te faut cinq logos pour avoir les parties gratuites ? demande-t-il soudainement, les yeux plissés sur l'écran de jeu.

Je hoche doucement la tête et appuie un nouveau coup. L'écran se change et les logos défilent. Encore une fois, j'ai une mauvaise main. Il m'est difficile d'avoir des logos gagnants, que cela soit pour des parties gratuites ou des bonus.

Isao ricane, une cigarette calée derrière son oreille.

-          Même si tu gagnes, tu ne risques pas d'avoir beaucoup avec ta petite mise, déclare mon mentor en observant l'écran.

Je fronce un instant le nez, dubitatif.

-          Je n'ai pas envie de dépenser tout mon fric, réponds-je en appuyant de nouveau.

-          Tu mises un dollar par ligne, c'est rien du tout ! rétorque-t-il en secouant la tête.

-          Mmh...

Isao sort un billet de sa poche et l'insère dans la machine. Par la suite, il s'attaque aux réglages des mises et positionne le jeu sur la plus grosse mise. Je manque de m'étrangler en voyant le montant.

-          Hé, pas de panique. Si on perd, ça vide mes poches et si on gagne, on partage. Équitable, non ? réplique-t-il moqueusement.

Je l'observe du coin de l'œil, me demandant pourquoi il est aussi gentil avec moi. J'ai vraiment du mal à digérer son attaque perfide à mon encontre. Mais nous sommes à Macao, censé profiter de ses plaisirs et encore une fois, je me prends la tête. Je dois lâcher prise.

Dans un soupire, j'acquiesce. Si on gagne, je me fiche de recevoir l'argent. Je veux juste m'amuser un peu.

-          Les machines sont plus hasardeuses que les jeux de tables. Elles sont la plupart du temps trafiquées, avoue Isao en appuyant sur le bouton.