Yakuza

Chapitre 20

La nuit est faiblement éclairée par les reflets de la lune. J'observe le paysage défiler, la tête posée contre la vitre. Mes yeux sont las et épuisé, tout comme mon cerveau.

Katashi conduit dans un silence de mort, les yeux rivés sur la route.

Après ce que j'ai vu, je ne me sens plus capable de continuer à faire comme si rien n'était. Je ne peux plus nier l'évidence. Ce milieu est malsain et dangereux. Le pire, c'est que je m'éclate avec Emiko et je me chamaille avec Isao comme si c'étaient mes amis. Comme s'ils étaient ma famille.

Mais ce n'est pas le cas. En réalité, ils n'étaient que des collègues, des acolytes. Un faux pas de plus et ma tête aurait sauté.

Je dois couper court à tout ça et retrouver une vie normale. Tant pis si l'argent manque, je dois trouver une vraie stabilité et construire ma vie honnêtement. De toute manière, j'étais vraiment nul en tant que dealer.

Fait chier, putain.

J'essuie rageusement une larme qui coule le long de ma joue.

La voiture s'arrête près de mon immeuble. Katashi m'observe à travers le rétroviseur intérieur.

-          On est arrivé.

-          Merci, répliqué-je en ouvrant la portière de la voiture.

Il abaisse la vitre et continue de m'observer. Je n'arrive pas à lire l'expression qu'il a sur le visage.

-          Bonne nuit, me dit-il simplement en redémarrant le moteur de la voiture.

Une seconde plus tard, je la vois s'éloigner.

Frottant mes avant-bras car je ne porte qu'un vulgaire t-shirt, j'entre dans mon immeuble et regagne mon appartement. A la vue de ma porte défoncée, je me rappelle l'état de mon studio.

Ma télévision est explosée et mes cadres photos jonchent le sol. Il y a un sacré bordel. La porte pend à moitié dans le vide, toutes les vis ayant sauté. La facture risque d'être salée.

Je pousse un long soupire en passant une main sur mon visage. J'empeste le sang et la transpiration. Je me sens vide, atrocement vide.

Après une brève réflexion, je sors mon téléphone et compose le numéro de Saki. Il me répond rapidement, comme à son habitude.

-          Allô, Yoshiro ?

-          Salut, Saki. Je peux te demander un... gros service ?

-          Dis-moi tout, frérot !

-          Je peux squatter chez toi quelques temps ?

Une heure plus tard, je me retrouve à ranger mes affaires dans la commode que je vais partager avec mon meilleur ami. Il possède beaucoup d'affaires alors j'essaye de bien plier mes vêtements pour gagner de la place.

Saki me tend une bière et m'aide à ranger mon sac dans l'armoire.

-          Merci, vraiment, dis-je à Saki.

-          T'inquiètes, mec. C'est dingue quand même... Un cambriolage ! Je pensais que ton quartier était tranquille.

-          Ah ouais... Je pensais aussi, soufflé-je en détournant le regard.

En voyant mon état physique, j'ai du vite trouver une explication crédible à Saki. Je lui ai raconté que des voleurs s'étaient introduit chez moi et comme j'étais présent, ils en ont profité pour me tabasser. Ironique car c'est moi le voleur dans l'histoire.