Chapitre 31

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Isao m'a laissé tranquille quelques jours histoire que je reprenne mes marques mais en fin de semaine, il n'a pas hésité à m'inviter à sa nouvelle planque, située à Ikebukuro.

Alors que je quitte la station de métro, je me dirige vers l'adresse que le rabatteur m'a fourni. Le GPS me conduit vers une petite pizzeria à la décoration italienne, avec ces couleurs vives et chaudes. Je cligne plusieurs fois des yeux, incrédule. Sérieux ? On va manger des pizzas ?

Néanmoins, connaissant Isao, je me doute qu'il a une petite idée derrière la tête alors je pénètre dans le restaurant et laisse mes jambes se balader à travers la salle. Une délicieuse odeur de tomate et de basilic se disperse dans l'air.

J'ai faim.

Le chef cuisinier, vêtu de blanc, portant un bandana coloré me fait signe d'approcher. Je retire mes écouteurs et m'avance vers le comptoir, les yeux plissés.

- T'es le p'tit qu'Isao attend ?

- Ouais, dis-je en fourrant mes mains dans mes poches.

Ça m'énerve qu'on me traite comme un gamin. J'ai vingt-trois ans, bordel.

La mine renfrognée, je suis le pizzaiolo. Nous traversons la petite cuisine bien agencée et finalement, l'homme m'amène devant une grande porte en métal.

- Entre, dit-il.

Je l'observe du coin de l'œil, la méfiance s'installant. Et si c'étaient des bobards ? L'homme fait un geste et instinctivement, je porte mon bras sur mon visage en reculant.

Le pizzaiolo cligne des yeux et se gratte la tête. Quand je réalise qu'il voulait seulement ouvrir la porte, je reste un peu con. C'est malaisant, faut que j'me tire.

J'emboite vivement le pas en grommelant un « merci ». Je referme la porte derrière moi et observe ce qui se trouve devant mes yeux. L'arrière-salle est éclairée par de multiples ampoules accrochées sur plusieurs lustres industriels. Contrairement à l'ancien entrepôt, cette pièce est plus classe, plus sophistiquée. Il y a même un bar et des fauteuils éparpillés à travers la pièce. Au loin, j'aperçois une estrade et un micro. Etrange. Isao s'est reconverti en chanteur ?

Mes yeux continuent de se balader et je sursaute lorsqu'une main se pose sur mon épaule.

- Bordel, Isao ! m'exclamé-je en reconnaissant mon mentor.

Il m'adresse son plus beau sourire et me guide vers le comptoir en marbre.

- Qu'est-ce que tu veux boire ? Un jus d'orange ? Du lait au miel ? réplique-t-il moqueusement.

- Une bière, grogné-je en m'installant sur la chaise haute.

Je viens d'arriver et j'ai déjà envie de partir. Le barman, qui en réalité est un des hommes d'Isao, nous sert à boire. Je l'ai déjà vu à plusieurs reprises à l'entrepôt, déchargeant des sacs remplit de billets et des caisses de cocaïnes.

- C'est quoi ce nouvel endroit ? demandé-je en portant la bouteille à mes lèvres.

- Ce bar clandestin ? Eh bien... Seungho Yoon avait découvert l'entrepôt alors j'ai dû changer de lieu.

- Oh. Alors, on n'y retournera plus ?

- Non. J'ai brûlé le hangar.

Je joue avec mes bagues qui sont incrustées entre mes doigts, l'air songeur. Isao me donne une tape dans le dos en ricanant.

- Prêt pour travailler, gamin ?

- Ouais. Tu veux que je fasse quoi ?

- Eh bien, comme d'habitude, quelques livraisons. Si tu veux, tu peux faire du recouvrement avec Emiko. A moins que tu veuilles monter en grade... ?

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant