Chapitre 72

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Yoshiro

Le maire sort précipitamment de la maison close, les poings serrés et le visage déformé par la colère. Akira s'arrête à la porte et peste dans sa barbe puis s'approche du bar. Emiko me lance un regard empli de sous-entendus. Je lève les yeux au ciel en nettoyant des verres.

-          Franchement... Quelle idée de provoquer Tōji-sama ici ! ronchonne le jeune homme.

Emiko s'accoude au comptoir et pose son menton dans sa main en reluquant Akira.

-          Ça ne s'est pas bien passé, je suppose ? demande-t-elle.

-          Effectivement, soupire-t-il en passant une main dans ses cheveux.

Je les écoute en silence, les regardant du coin de l'œil.

-          Je vais vous amener du thé. Ça détendra tout le monde.

Sur ses mots, la jeune femme se redresse et entame une préparation de thé. Du coin de l'œil, j'aperçois Ian et Katashi qui se dirigent vers le couloir des geishas.

Isao entre au même moment dans l'établissement et jette furieusement sa veste en cuir sur le bar.

-          Bordel ! Les journalistes sont toujours sur place et maintenant on est envahi par les paparazzis ! Ras le cul ! grogne-t-il.

-          Isao, calme-toi. Les clients ne vont pas tarder à entrer, il ne faudrait pas que l'ambiance se dégrade, sermonne-t-elle en étant dos à lui.

Mon mentor lui lance un mauvais regard et s'adosse au comptoir, les sourcils froncés. Il jette un coup d'œil furtif autour de lui. Akira, de son côté, nous abandonne sans un mot. Il regagne le couloir et sans doute, le bureau du mafieux.

Une moue sur le visage, je range les verres sur les étagères. Tōji est sur les nerfs, ses hommes de mains subissent sa mauvaise humeur et les journalistes affluent autour de l'établissement. C'est la merde.

-          J'vais les rejoindre. Tōji-sama veut nous parler de certaines choses, rétorque Isao en s'éloignant à son tour.

Emiko garde le silence et ne semble pas préoccupée par la situation. Elle dépose une épaisse théière et plusieurs tasses sur un plateau en argent.

-          Yoshiro, amène-le, dit-elle en posant son regard émeraude sur moi.

Je relève la tête, surpris. Comme avec le saké, je pensais que ça serait elle qui se serait rendue dans le bureau de Tōji.

-          Moi ?

-          Tu vois un autre employé ici, peut-être ?

-          Tss... sifflé-je en lui prenant le plateau des mains.

Je contourne le bar et m'engage dans le couloir où les geishas se mouvent avec grâce derrière leur toile. Elles se préparent, attendant les clients. Le club va bientôt ouvrir ses portes.

J'arrive finalement devant la porte du bureau et toque à trois reprises. Il me faut faire des gestes compliqués pour ouvrir la porte, le plateau en argent maintenu par une seule de mes mains. Une grimace apparente sur le visage, j'entre et appuie mon dos contre la porte pour la refermer. Directement, je suis confronté à une discussion animée. Tous les hommes de mains sont postés près du mafieux. Les mains posées à plat sur le meuble, il fixe sans sourciller ses hommes.

-          ... Ce vieux renard va sûrement mettre en place plusieurs dispositifs. Ses intentions sont claires : il va tout faire pour dissoudre l'organisation. Soyez vigilants, surveillez les clubs. Il va s'attaquer en premier aux entreprises. Il n'est pas prêt à lâcher l'affaire, dit le yakuza.

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