Le lendemain, alors que le soleil brille dans le ciel, je sors précipitamment de l'appartement. Mes pas me guident jusqu'à la station de métro. Un peu pressé, je manque de bousculer quelques personnes et m'engage sur le quai. Le métro est déjà là, les portes encore ouvertes. Je m'engouffre dans la rame et pousse un soupire de soulagement en passant une main sur mon front.Il y a une place libre en face de moi et j'avance d'un pas pour m'y installer. Or, un grand type aux muscles saillants s'y précipite et me lance un regard explicite.
Je jure dans ma barbe et lui tourne le dos, remonté à l'idée de m'être fait piquer la place. Mon trajet ne sera pas long mais j'ai les jambes en compote et nous savons tous à quoi cela est dû. Je m'accroche à la barre de métro, le visage blasé.
Je m'arrête à Shinjuku, le quartier d'affaire où l'entreprise de Tōji se trouve. Cet idiot est parti si vite ce matin qu'il a oublié de prendre son panier-repas. Comme je n'ai pas de livraison prévue pour aujourd'hui, j'ai décidé de le lui apporter. Je regarde des vidéos de cuisine pour apprendre alors il est hors de question qu'il loupe une seule de mes préparations !
Il me faut quelques minutes pour rejoindre la Smart Fondation. Ce building est tellement immense qu'il me faut basculer la tête en arrière pour en apercevoir le sommet !
Les portes automatiques s'ouvrent à mon passage et je me faufile à travers les salariés qui traversent le hall, le téléphone à l'oreille. Je m'engage dans l'ascenseur qui m'amène au septième étage. J'en sors rapidement après avoir subi des regards curieux et interloqués des employés.
Ils doivent bien se demander ce qu'un gamin en sweat-shirt fait ici, parmi cette masse de tailleurs et de costumes. Moi aussi je me le demanderais bien.
Je longe un couloir spacieux et remarque Ian qui se trouve près d'une machine à café. Nos yeux se croisent et ses sourcils blonds s'élèvent.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-il, une pointe de surprise dans la voix.
Lui non plus ne s'attendait pas à me voir.
Je lui adresse un léger sourire et lui fourre sous le nez la boite de bento*. Ian cligne des yeux, déconcerté.
- Tōji a oublié son déjeuner, je viens lui apporter ! dis-je, plein d'entrain, les yeux brillants.
La boite est rose et des petits cœurs blancs sont dessinés desus. Il ne restait que ce modèle en boutique. Dommage.
Ou pas.
Ian manque de s'étouffer avec son café en voyant le style du bento. Il se passe une main sur le visage et un long soupire s'échappe de ses lèvres.
- Je vois... Il est dans son bureau. Frappe avant d'entrer, il est en rendez-vous, répond l'homme de main.
En rendez-vous ? Intéressant.
Je secoue la tête en signe d'approbation et m'éloigne de lui pour le bureau du mafieux.
J'aperçois Katashi au téléphone qui pianote en même temps sur une tablette. Wah, il est débordé. Ça ne m'étonne pas.
À les voir comme ça, on ne les imaginerait pas en tant que membre d'une organisation illégale et dangereuse.
J'arrive à la porte du bureau et toque à plusieurs reprises. On me somme d'entrer.
J'entre dans le bureau et mes yeux se portent directement sur le yakuza, qui est assis derrière son bureau, les bras croisés. Une petite ride s'est formée entre ses sourcils et il ne lâche pas du regard la jeune femme qui se trouve non loin de lui, une tasse de thé fumante dans les mains. Elle le dévisage sans vergogne et tourne la tête en m'apercevant.
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Yakuza
Roman d'amourYakuza [ BxB ] Yoshiro Tamura est un jeune homme de vingt-trois ans. Récemment arrivé à Tokyo, il se démène à joindre les deux bouts pour survivre dans cette ville dense. Enchainant les petits boulots, il va se retrouver finalement mêlé à un monde s...