Chapitre 56

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L'angoisse me noue l'estomac. Je les observe avancer d'un pas déterminé sans pouvoir bouger. La peur me paralyse et s'immisce à l'intérieur de moi.

Mes jambes ne veulent pas m'obéir. Je suis effrayé et surtout parce que ma grand-mère dort tranquillement dans son lit en compagnie d'Hiriko. Qu'est-ce que ces étrangers font là ? Qu'est-ce qu'ils nous veulent ? Est-ce qu'ils sont liés à Tōji ?

Bouge de là, Yoshiro ! Active-toi bordel ! Si tu ne fais rien, c'est la mort assurée !

Je respire bruyamment et mes yeux menacent de sortir de mes orbites. Allez, allez !

Ma main s'abat rapidement sur ma joue et enfin je me ressaisis. Aussitôt, je m'abaisse et attrape une des briques décollées du toit. Je me redresse et la balance de toute mes forces sur le groupe d'hommes armés. La brique atterrit aux pieds d'un type mais je ne me décourage pas. J'en attrape une autre, renouvelle ma manœuvre et cette fois-ci, la brique s'éclate sur le crâne d'un des mecs. Dans le mille !

Je pousse une petite exclamation, la bouche ouverte. L'homme aux cheveux clairs titube et tombe à genoux, au sol. Du sang commence à couler de sa tête. Bordel !

Ses collègues pointent leurs armes vers le toit et je me jette littéralement sur les briques, le souffle coupé. J'espère qu'ils ne m'ont pas repérés !

Le sang pulse dans mes veines et j'entends des mots incompréhensibles. Les hommes semblent parler entre eux dans une langue que je ne connais pas. J'ai l'impression que leur accent vient de l'ouest... Des Européens ?

Je déglutis. Qu'est-ce que je fais maintenant ? Si je me montre à eux, ils vont me cribler de balle. Mais si je les laisse continuer leur route, ils risquent de s'en prendre à ma grand-mère !

Je suis tellement stressé que je n'arrive pas à réfléchir correctement. Les larmes me montent rapidement aux yeux.

Recroquevillé sur moi-même, sur le point de fondre en larmes, j'entends soudainement des vociférations dans leur langue natale. Je relève la tête, les doigts serrés. Mes yeux deviennent aussi ronds que des billes.

Je distingue la silhouette de Ian qui plante un couteau dans l'abdomen d'un des types. Les crissements de pneus se font entendre et d'autres hommes étrangers déboulent dans la ruelle.

Je me redresse lentement et un sentiment de sûreté m'enveloppe avec douceur. Ian est tout seul face à ces hommes et pourtant je me sens rassuré. Cependant, la réalité est beaucoup plus brutale. Les étrangers possèdent des pistolets et peuvent l'abattre à tout moment.

Le sang gicle de l'abdomen de l'homme et il s'écroule au sol dans une plainte. Ian ne se laisse pas perturber lorsque le sang éclabousse son visage impassible. Il se tourne vers un autre homme et tente de lui couper la gorge. Le type se recule de justesse, les dents serrées. Il parle fort et je pense qu'il insulte toute sa descendance.

Je dois l'aider !

Le sang bat furieusement dans mes oreilles. Je descends rapidement du toit à l'aide de la petite échelle en bois que je m'étais fabriqué plus jeune et accours vers le portillon. Je l'ouvre à la hâte, sort rapidement et me stoppe net en voyant la tête d'un des types heurter le muret. Le sang jaillit de sa bouche et une de ses dents tombe au sol. La main de Tōji tient fermement les cheveux blonds de l'homme. J'émets un cri et porte une main sur ma bouche, les yeux écarquillés.

Le yakuza plante son regard dans le mien. Ses yeux luisent d'un éclat furieux, d'une rage folle, d'une haine sans limite.

-          Rentre à l'intérieur et barricade les entrées ! gronde-t-il expressément à mon encontre.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant