Chapitre 14

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-          Ne fait pas des choses comme ça ! asséné-je en frottant légèrement mon poing, les sourcils froncés.

Le yakuza rit de plus belle. Il se penche sur moi et embrasse la commissure de mes lèvres avant de se redresser et de marcher en direction de la sortie.

-          Sois sage, dit-il en quittant le bureau.

Je vois sa silhouette disparaitre dans l'embrasure de la porte. Seul, je ne m'attarde pas non plus. Je suis passé en simple coup de vent, après tout.

Je quitte alors moi aussi la pièce et après avoir descendu les escaliers, je me dirige vers le bar où Isao m'attend.

En marchant, mon épaule bouscule un jeune homme aussi jeune que moi, aux cheveux de miel. Ses yeux bleus me transpercent avec agacement.

-          Tu peux pas faire attention ?! cingle-t-il, le ton acerbe.

J'entrouverte la bouche, déconcerté devant cette attitude agressive. En voyant de plus près son visage fin et pâle, je reconnais son identité. C'est un mannequin connu au Japon, sa gueule d'ange passant souvent sous les projecteurs des marques de luxe.

Minoru Nakajima.

Je n'aurais jamais cru rencontré une telle célébrité dans ce genre de club. Je pourrais être impressionné mais lorsque je vois le mépris dont il fait preuve à mon égard, ça me donne juste envie de l'envoyer se faire foutre.

En réponse, je lui adresse un mauvais regard et continue mon chemin. Je retrouve mes compagnons au bar. Emiko est occupé à faire des boissons tandis qu'Isao s'emploie à les boire.

Comme si c'était étonnant !

Je m'installe sur un tabouret en cuir rouge, près de mon mentor.

-          C'est bon, le petit chouchou à récupérer sa paie ? demande ironiquement Isao, buvant son whisky.

Je le regarde du coin de l'œil, un léger sourire malicieux s'affichant sur mes lèvres.

-          T'es jaloux ?

-          Un peu.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde cela. Je pose une main sur ma bouche pour retenir mon ricanement.

-          Je t'apprendrai, ce n'est pas grave, dis-je en lui tapotant l'épaule gentiment.

-          À écarter les cuisses ? Sans façon.

Mes yeux s'écarquillent d'effroi et je m'agite sur mon siège. Si je n'avais pas mal à mon poing, je lui en aurais bien mit une.

-          Mais ferme-là, tu racontes n'importe quoi ! protesté-je vivement.

-          Tu crois que je ne les vois pas défiler les petits merdeux comme toi ? ironise Isao en vidant son verre d'une traite. Emiko, un autre.

Elle s'exécute et me sert une bière par la même occasion. J'ai le démon. Qu'est-ce qu'il veut dire par là ?

-          Je sais que tu deviens sénile mais ça me parait grave à ce stade-là, tranché-je en prenant ma bière, le visage crispé.

-          Oh, respecte ton ainé, gamin !

-          Tu vas faire quoi ? Tu n'as même pas la force de te lever de ton siège, vieux con.

-          Espèce de petit... siffle-t-il entre ses dents.

Emiko nous fusille du regard en se postant devant nous.

-          Ça suffit vous deux. Vous devenez trop bruyants, nous interrompit-elle.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant