Chapitre 83

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Les rayons du soleil s'abattent sur mon visage déjà rougi par l'essoufflement de ma course. Les poumons comprimés, je ralentis ma cadence et piétine vers un banc. Je fléchis les jambes en inspirant un bon coup. Je cours depuis une demi-heure et cela me fait un bien fou.

Depuis qu'Isao a été envoyé en Russie pour une mission d'espionnage, je me retrouve sans emploi. Je n'effectue plus de livraison de drogue et les clubs tournent tellement au ralenti que ma présence n'y est plus nécessaire. Saki et les autres travaillent. Ren s'est rendu dans le nord du pays pour rendre visite à sa famille et Emiko est débordée par diverses affaires. Alors depuis, je tourne en rond dans l'appartement.

Tōji rentre très peu à la maison et lorsqu'il y met les pieds, c'est pour repartir une heure après. Nos discussions sont brèves et il est toujours aussi tendu. Le maire et les Russes le préoccupent vraiment surtout depuis la descente des flics au Moon. J'ai bien essayé d'en savoir plus en discutant avec Emiko mais elle-même semble confuse face à cette situation.

Il n'y a rien qui va.

Comme je suis la plupart du temps seul, je rumine dans mon coin. Je n'arrive pas à me sortir de la tête ma rencontre avec l'inspecteur Seiji Takeshi. Je n'ai d'ailleurs pas pu en parler avec Tōji.

L'appartement est tellement empli d'ondes négatives que j'ai décidé de faire un petit footing pour décompresser. Le sport est un remède miracle pour se vider l'esprit.

Doucement, je me redresse et commence à m'étirer en tendant ma jambe sur le banc. Mes yeux se baladent vers les alentours, passant des chemins sableux aux arbres florissants. Le parc de Ueno est réputé pour être l'un des plus beaux de Tokyo. Il est grand, bien entretenu et verdoyant.

Les touristes marchent tranquillement en observant d'un air émerveillé les environs. Une petite famille se promène et s'approche d'une aire de jeux. Plus loin, un spectacle de rue se déroule sous les yeux des passants. Je distingue des comédiens qui jouent une pièce de théâtre.

Il fait bon vivre et je m'estime chanceux de pouvoir assister à ces petits moments de vie.

Je sors brutalement de mes pensées lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Je me tourne brusquement, manquant de tomber car ma jambe est toujours tendue sur le banc. Mes yeux s'écarquillent en voyant l'inspecteur Takeshi.

C'est une blague ?

L'homme me sourit. Il porte le trench que j'ai déchiré. Je ne vois même plus la déchirure tellement il a été bien repris.

-          Quel temps magnifique, tu ne trouves pas ? déclare-t-il d'un ton enjoué.

Le visage blême, je retire ma jambe et recule de quelques pas. Je le fusille du regard, le nez plissé.

-          Qu'est-ce que vous faîtes là ? demandé-je sèchement.

Seiji lève les mains en l'air en souriant. Il émet un petit rire.

-          Eh bien, je me promène, comme toutes les autres personnes ici je présume... C'est interdit ?

-          Hum non mais...

Je laisse ma phrase en suspens, les sourcils froncés. Ce type ne me plait vraiment pas.

-          Tu veux bien qu'on marche un peu pour discuter ?

-          Je n'ai rien à vous dire, inspecteur, dis-je calmement.

Je lui tourne le dos et me met à marcher en direction d'un stand de boisson. Seiji décide de me suivre en se postant à mes côtés. Il fourre ses mains dans ses poches.

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