Chapitre 62

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Assister à un tournois de sumo est une grande première pour moi. J'ai toujours rêvé de voir les lutteurs combattre avec hargne et détermination. C'est un sport réputé au Japon et ce depuis des générations. Tōji m'offre cette opportunité aujourd'hui et je ne sais pas comment lui exprimer ma gratitude.

Le mafieux m'amène à l'intérieur de l'établissement. Il donne ses billets à l'un des membres du personnel puis me guide jusqu'à la grande salle. L'arène est déjà bondée et les places se font rare. Le yakuza me conduit jusqu'au premier rang, au rez-de-chaussée. Ce sont les places les plus chères !

J'hallucine.

Nous nous installons sur les larges coussins qui nous servent de siège. Assis en tailleur, j'observe tout ce qui se trouve autour de moi. La salle est spacieuse et les néons m'éblouissent. Au centre de la grande salle se trouve le dohyō, une plateforme carrée faite d'argile tassée où un cercle est établi à l'aide de ballots de paille ancrés qui délimite l'aire de combat. Les présentateurs préparent leurs discours près des juges, vêtus de long kimonos noirs. Les lutteurs de sumo, communément appelés rikishi ou sumotori s'échauffent en bas de la plateforme. Ils sont coiffés en chignons huilés et portent chacun un tablier décoratif composé de cordelettes colorées. Mes yeux se baladent jusqu'à croiser quelques vendeurs déambulant à travers les rangées, proposant nourriture et boisson. Tōji en interpelle un et achète deux bières gouteuses. Je me lèche les babines, attiré par cet alcool attrayant. S'il compte me séduire comme ça, c'est plutôt bien parti...

Le mafieux me tend la bière et trinque avec moi.

-          A la tienne, s'exclame-t-il en claquant sa bière contre la mienne.

-          A la tienne, mafieux ! dis-je avec un grand sourire.

J'ignorais que Tōji aimait la bière. J'apprends des choses sur lui au fur et à mesure. Le yakuza esquisse un léger sourire puis prend quelques gorgées de sa bière fraiche.

Un micro à la main, un présentateur se positionne sur la plateforme et commence son discours, indiquant que le combat va bientôt commencer mais qu'avant cela, tous les lutteurs vont débuter la cérémonie d'entrée.

Très curieux, je pose mes coudes sur mes cuisses et observe la scène, les yeux pétillants.

Tous les lutteurs se postent sur le dohyō, formant un cercle avec leurs corps. Dans un silence agréable, ils frappent dans leurs mains, remontent leur tablier puis lèvent les bras dans le ciel. Peu après, le cercle se dissous et le leader des sumotoris se place au milieu du cercle.

Les jambes fléchies, le dos droit, le yokozuna* frappe dans ses mains dans un claquement strident afin d'appeler les dieux et frappe le sol de ses pieds pour faire fuir le mal. C'est un rituel ancestral qui me laisse sans voix. J'observe la scène, ébahi. Tōji m'observe discrètement du coin de l'œil tout en buvant une nouvelle gorgée de sa boisson.

La cérémonie terminée, les deux premiers adversaires s'installent à l'opposés l'un de l'autre. Face à leur entraineur, ils se rincent la bouche avec de l'eau et essuient leurs corps à l'aide d'une serviette. Les lutteurs se baladent par la suite sur l'arène et jettent chacun une grosse poignée de sel sur le ring pour le purifier.

Finalement, les deux opposants se retrouvent face à face et l'arbitre signale le départ en levant son éventail violet.

Aussi concentré que les lutteurs, je les fixe avec intensité, hypnotisé par ce sport. J'oublie même de boire ma bière.

Les sumotoris luttent, entrent en contact dans des chocs brutaux. On entend des encouragements dans le public.

La règle est simple : si l'un des lutteurs quitte le cercle ou touche le sol avec une autre partie de son corps que les pieds, il est éliminé.

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