Chapitre 84

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Le téléphone collé à l'oreille, je marche rapidement dans les rues de Ginza. Mon expression est fermée. Mes sourcils sont froncés et j'arbore un rictus venimeux sur les lèvres.

J'ai enfin pu contacter le mafieux et actuellement, ça fait cinq minutes que je me dispute avec lui à travers le téléphone.

-          Ça ne répond pas à ma question Tōji ! Tu rentres dîner ce soir ou pas ?

-          Je ne pense pas, répond-il calmement.

-          Ah d'accord ! Tu préfères sans doute manger au restaurant avec les autres ?! grogné-je en accélérant mes pas.

Depuis que l'inspecteur de police me suit à la trace, je suis méfiant quand je sors dans la rue. Mes yeux balayent rapidement les alentours. Il pourrait débarquer à n'importe quel moment. D'un pas rapide, je traverse le passage piéton et m'engouffre dans une supérette.

-          C'était un diner d'affaire, Yoshiro. Et d'ailleurs, qu'est-ce que tu faisais là-bas à jouer les serveurs ? rétorque Tōji.

-          C'est mon métier de base, je te rappelle. T'as envoyé mon mentor à l'autre bout du monde alors il fallait bien que je me trouve un autre job ! rechigné-je fermement.

J'entends le mafieux soupirer à l'autre bout du fil. Il garde le silence pendant quelques secondes.

-          Si c'est une question d'argent, tu sais très bien que ce n'est pas un souci.

-          Non ce n'est pas une question d'argent, j'en ai juste marre de tourner en rond dans l'appartement !

-          Patiente encore un peu. Je dois raccrocher Yoshiro, souffle-t-il.

Je me poste devant le rayon des fruits et légumes, incertain devant tant de choix. Je plisse les lèvres en entendant sa voix.

J'aimerais qu'il soit près de moi à cet instant.

-          Tu me mets de côté et tu oses me demander de patienter... T'es vraiment culotté comme type... sermonné-je à moitié.

Mais il a déjà raccroché.

J'observe d'un air las l'écran de mon téléphone. Mes nerfs sont constamment mis à l'épreuve avec le mafieux. Certes, je savais qu'en intégrant son clan rien n'allait être tout beau ni tout rose mais au moins, je croyais avoir plus de possibilité.

Tōji m'écarte de ses affaires pour me protéger mais les problèmes viennent tout de même à moi. Il n'a toujours pas compris ? Je suis un aimant à merde.

Les coréens me l'ont bien prouvé. Ils s'en sont prit à moi et j'ai échappé de peu aux russes. Aujourd'hui, j'ai un flic à mes trousses. Tōji aura beau se plier en quatre, je serai toujours la cible de ses ennemis ! Et tout cela car nous avons une liaison.

Tout cela car je suis sa faiblesse.

Il sait au fond de lui que tout ceci est vain alors autant faire preuve de bon sens ! S'il me laissait l'occasion de me démarquer, je pourrai faire mes preuves. Je pourrai lui être utile ! Je ne veux pas être l'amant cloîtré entre quatre murs, priant pour le retour de son amour perdu ! Ce genre de mauvaise comédie, ce n'est pas pour moi.

Pestant dans ma barbe, je range furieusement mon portable dans ma poche et attrape un sac en papier. Je me fige en silence en réalisant que Seiji est à mes côtés en train de m'observer calmement. Au lieu de flipper comme les fois précédentes, je laisse la colère s'infiltrer dans mes veines. Elle me réussit toujours mieux.

-          Vous savez qu'on peut considérer ça comme de l'harcèlement ? C'est ironique pour un flic, craché-je en fourrant quelques pommes dans le sac.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant