Chapitre 15

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Cette mixture me parait étrange. Toutes ces couleurs qui se mélangent, ce bleu, ce violet, ce marron... Ce cocktail doit être immonde, qui peut bien boire ça ?

-          Dépêche-toi Yoshiro ! La plonge ne va pas se faire toute seule ! sermonne Emiko, occupé à encaisser un client.

Pourquoi j'ai accepté de l'aider ? Bien qu'Isao ait ordonné ma présence ici, j'aurai pu facilement trouver une parade pour esquiver la soirée. Maintenant, je me retrouve sous les ordres de ce tyran démoniaque. Elle est pire que tous les hommes de main de Tōji, c'est pour dire son niveau de malveillance.

-          Oui oui, deux minutes...

Je tends le cocktail écœurant au client face à moi.

-          Combien j'encaisse ? demandé-je en me grattant la tête, ne connaissant pas les prix des boissons.

-          20 dollars, réplique Emiko en s'attelant à une autre tâche.

-          20 dollars pour ça ?! Ça a l'air dégueulasse ! répliqué-je, outré.

Le client, un homme âgé d'une cinquantaine d'année, me dévisage longuement.

-          Tais-toi ! Idiot ! réplique-t-elle vivement.

-          Non mais franchement...

Je souffle sur ma mèche rebelle qui ne cesse de s'étaler devant mes yeux et encaisse l'homme qui marmonne des choses incompréhensibles. Emiko se poste près de moi, les poings sur les hanches.

-          Tu veux qu'on perde de la clientèle ou quoi ?

-          Non mais Emiko, soyons francs toi et moi, cette boisson est dégueulasse et en plus vous l'a facturé 20 dollars. Vous êtes des escrocs !

-          Tu ne t'es pas dit que ce mec pouvait bien kiffer cette boisson peut-être ?

-          Bah il a des goûts de merde.

-          Sèche les verres, tu me fatigues, fini-t-elle par dire en retournant prendre la commande d'un autre client.

Une moue sur le visage, je m'exécute. J'attrape un torchon propre et commence à essuyer les verres, portant mon regard sur l'intérieur du club. Il n'est pas encore très tard mais le monde commence à affluer. Le 'Zeitaku' sera bientôt complet. Isao m'a vaguement parlé d'une soirée spéciale et que je devais me tenir tranquille. Comme si j'étais du genre à foutre le bordel, franchement.

Mollement, je range les verres après les avoir essuyé. Lorsque je me retourne, je fais face à un nouveau client.

-          Monsieur ? dis-je en relevant la tête.

Mes yeux croisent les iris bleues de la veille. Minoru Nakajima. Qu'est-ce qu'il fait là ? Il a un abonnement ici ou quoi ?

-          Un saké, réplique-t-il sèchement en me dévisageant comme la veille.

Je me mords l'intérieur de la joue en m'exécutant alors que mon rêve, c'est de lui briser une bouteille sur la tête. Je ne supporte pas ce genre de type qui, comme ils sont désormais connus, se pensent meilleurs que les autres. S'il a l'habitude d'avoir du monde à ses pieds grâce à son statut, ça ne marchera pas avec moi.

-          10 dollars, répliqué-je sèchement en posant le saké en face de lui.

-          Pardon ? Je ne paye pas ici, moi.

Ses yeux se relèvent pour me toiser sans gêne.

-          Ça m'est égal.

-          Tu sais qui je suis ? Comment oses-tu me faire payer ?

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant