Chapitre 95

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D'un pas pressé, je suis le yakuza qui s'élance dans le couloir. Je passe une main dans mes cheveux décoiffés, le visage encore rouge par nos ébats passés. Nous entrons dans l'ascenseur et j'affiche une petite grimace en me rendant compte que mes hanches me font mal.

C'était rapide et intense.

Tōji jette un coup d'œil à sa montre et peste silencieusement dans sa barbe, irrité à l'idée d'arriver en retard à la soirée mondaine. Il relève ses yeux vers moi et ne retient pas son sourire amusé.

- Ça valait le coup, non ?

- Aaah on va dire ça comme ça... marmonné-je en frottant le bas de mon dos.

Quelle idée j'ai eu de le chauffer avant de partir ! La prochaine fois, je m'abstiendrai.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et le mafieux en sort. Je lui emboîte le pas et nous arrivons devant l'entrée de l'hôtel. Emiko attend devant une limousine noire, les bras croisés, son châle en satin manquant de s'envoler à cause de la petite brise qui se faufile dans l'air. Ses longs cheveux noirs sont attachés en un chignon serré où seul deux petites mèches ondulées pendent près de son visage. Elle est vêtue d'une longue robe émeraude qui épouse les formes de son corps. Ses talons noirs sont fins, gracieux et scient parfaitement à ses chevilles.

Elle relève ses yeux verts vers nous et je distingue ses paupières colorées d'une couleur brune et ses lèvres teintes de rouge.

L'élégance à l'état pur.

Le chauffeur de la voiture se hâte à ouvrir la portière et Emiko s'engouffre à l'intérieur non sans me fusiller du regard avant. Je tire sur le col de ma chemise, les traits crispés.

Si mes calculs sont bons, elle a dû attendre une bonne demi-heure dehors... Oups.

J'entre dans la voiture à sa suite et Tōji ferme la marche. Il s'assoit tout en jetant de furieux regards sur sa montre.

Je sais qu'il déteste être en retard. Dommage.

Emiko croise les jambes et me détaille de son regard perçant. Je vois son expression contrariée et le jugement qui émane de ses iris verts. Elle tire le col de ma chemise, un rictus sur les lèvres. Je suis effaré de constater que mon cou est parsemé de morsure.

- Idiot ! C'est pour ça que vous êtes en retard ! émit-elle tout bas pour ne pas se faire entendre du grand yakuza démoniaque.

- Ce n'est pas ma faute, Emiko ! riposté-je en faisant de grand geste.

Tōji m'adresse un regard lourd de sens, ses sourcils froncés. Je détourne vivement les yeux, les joues rouges.

Bien sûr que c'est ma faute.

La jeune femme soupire en s'affalant sur la banquette en cuir. Ses boucles d'oreilles en diamant se balancent au fil de ses gestes. Je pose gentiment une main sur sa cuisse en affichant un petit sourire crispé.

- En tout cas, tu es très belle, soufflé-je.

Elle me jette un petit coup d'œil et laisse ses lèvres s'étirer dans un doux sourire.

- Merci, répond-elle. T'es pas mal non plus, si on ignore le fait que tu as détruit ta coiffure !

- C'est lui, il a tiré... Hein ? Ah ah ah ouais, désolé, ris-je nerveusement.

Bordel, j'ai failli lui dire que Tōji m'avait tiré les cheveux. Et elle aurait très bien compris dans quelle circonstance.

Je dois faire vraiment attention à ce que je dis. Maintenant que je suis à l'aise avec mes sentiments, j'ai la langue bien pendue. Ça craint.

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