Chapitre 108

827 88 15
                                    


Les paysages défilent à une vitesse fulgurante à tel point que mes yeux ont du mal à suivre le rythme. La voiture sportive s'élance sur l'autoroute après une multitude de manœuvre. Emiko tient fermement le volant entre ses mains crispées et ses yeux verts restent rivés droit devant elle.

Accroché à la poignée de sécurité, je serre les dents en me faisant balancer dans tous les côtés.

- Emiko, explique-moi ce qu'il se passe ! Ce sont les Russes qui nous suivent ?! m'exclamé-je.

Elle ne répond pas tout de suite, concentrée sur sa conduite nerveuse. Un violent coup de volant nous fait déporter sur la voie droite et sans hésitation, elle double une voiture qui roule tranquillement.

- Putain, putain ! Je devais t'amener à Kawagoe, personne n'était au courant ! Comment ont-ils su qu'on allait sortir ? siffle-t-elle entre ses dents.

- De quoi tu parles ?! Pourquoi faire ?

Les traits de la jeune femme sont tirés, son expression du visage est torturé. Elle se mord la lèvre inférieure, ses pupilles vibrantes de colère.

- Emiko ! m'écrié-je vivement, les sourcils froncés. Parle putain ! Arrêtez vos secrets, je commence à avoir ras le bol ! renchéris-je.

- Si je t'avais averti du plan, tu ne m'aurais jamais suivi, avoue-t-elle un peu plus calmement.

- Quel plan ? À Kawagoe ? Tu m'étonnes, la dernière fois que j'ai mit les pieds là-bas j'ai vu deux mecs se faire couper les phalanges ! Crois-moi, ça rend réticent à l'idée d'y retourner ! raillé-je nerveusement.

- Cette villa est sécurisée et éloignée de tout... On aurait été en sécurité...

- 'On' ?

- Toi et moi.

- Et Tōji ? soufflé-je, une veine de mon front pulsant.

Emiko tourne un instant la tête vers moi. Plusieurs émotions défilent dans son regard et elle reporte son attention sur la route, sa mâchoire contractée.

- Peu importe, ce n'est plus au programme. Ils nous ont trouvés alors maintenant, il va falloir improviser, répond-elle. Regarde derrière toi et dis-moi combien il y a de voiture.

Je me tourne vivement, une main accrochée sur le dossier du siège. Plusieurs voitures noires banalisées nous suivent et s'amusent à doubler toutes les autres automobiles présentes sur l'autoroute. De loin, je constate que leurs vitres sont teintées et qu'il m'est difficile de voir les conducteurs. Et même si Emiko roule comme une dingue, ils se rapprochent dangereusement de nous.

Putain de merde.

- Je vois deux berlines noires et derrière, il y a un gros 4x4 blanc, susurré-je nerveusement.

À ma réponse, Emiko durcit ses traits. Elle grogne dans sa barbe puis se colle à l'arrière-train d'une voiture qui l'empêche de doubler, sans doute agacé à l'idée de voir une folle sur la route. Elle martèle le volant de son poing et le bruit du klaxon parvient à mes oreilles.

- Bouge de là enfoiré ! s'écrie-t-elle dans une rage non contenue.

Emiko semble perdre son sang-froid au fur et à mesure de notre course. Son inquiétude est palpable et moi, je bouillonne de nerf. Les pneus grincent lorsqu'elle se déporte sur la gauche et double la voiture récalcitrante. Les voies sont pleines et pourtant elle réussit à se frayer un chemin à travers cette multitude de voiture.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant