— J'crois qu'il vous aime bien, ma p'tite demoiselle. On appelle ce mâle Rivalis.
— Rivalis ? s'étonna Celtica. Vous connaissez le brasien ?
— Non, pourquoi ? Vous l'connaissez, vous ?
Le jeune homme eut un rire gêné. Le marchand n'avait pas remarqué sa chevalière, et il ignorait si le fait qu'il la découvre serait une bonne ou une mauvaise chose. Son intuition lui ordonna instamment de taire son identité, tant qu'il ne serait pas ou au Brasier, ou entouré de gardes. Il plongea sa main dans sa poche pour y faire glisser le bijou princier, aussi discrètement que possible.
— Je l'ai un peu étudié, à la capitale. Si mes souvenirs sont bons, « rivalis » signifie « baie-des-sires ». C'est un petit fruit rares qui pousse dans les montagnes, il paraît qu'il ressemble un peu à de la myrtille. Il me semble que les chevaux en sont particulièrement friands.
C'était aussi un nom de famille très répandu, mais il préféra garder cette information pour lui. L'homme se gratta la tête en regardant le cheval qui voulait absolument retourner renifler Cléon.
— C'est p't-être vrai... Le gars qui m'fournit vit dans les montagnes, il cause p't-être le brasien. Rivalis est un sacré gourmand, vous savez !
L'homme les conduisit auprès du troisième animal, mais Rivalis continuait à suivre la jeune fille. Pis encore, il se dressa devant le trio, tête allongée, oreilles couchées en arrière. L'autre cheval poussa un couinement, Celtica prit aussitôt la décision de reculer, en entraînant Cléon avec lui. Comme il l'avait espéré, Rivalis se détendit et laissa en paix son congénère, qui ne devait pas avoir compris la raison de cet étalage d'agressivité.
Le marchand se gratta à nouveau la tête, un poing sur la hanche.
— Que Mérénos m'aveugle, si j'ai jamais vu ça ! Et pourtant, j'en ai connu des chevaux avec un sale caractère, vous pouvez m'croire !
— C'est un problème ? demanda Cléon tout en caressant le chanfrein du pie.
— Nous le prenons, assura Celtica. Il conviendra parfaitement.
— Et s'il vous attaque aussi ? Le dernier, c'est un mâle... Vous pourrez p't-être plus toucher votre compagne...
Ces mots déstabilisèrent quelque peu le jeune homme. S'il s'était attendu à cela ! Un bref coup d'œil à son amie lui indiqua qu'elle aussi était tout aussi mal à l'aise que lui, trahie par la violente teinte rouge qu'avait pris son joli minois.
— Nous n'avons pas ce genre de relation, répondit Celtica, nous sommes de simples amis en voyage, rien de plus.
— Mouais. Faites gaffe, quand même. J'vais vous chercher les selles.
Sur ce, le marchand entra dans sa boutique. Les deux jeunes gens échangèrent un regard, et se mirent à rire de bon cœur, aussi embarrassés l'un que l'autre. Pour retrouver une certaine contenance, ils s'intéressèrent à leur cheval sans pour autant cesser de rire, et le caressèrent avec douceur. L'animal réagissait très bien à leur contact, et contrairement à ce que semblait prédire le marchand, il ne présentait aucun signe d'agressivité envers le jeune homme.
Celtica s'en sentit soulagé. Ce cheval n'était pas aussi puissant que Doucette, mais ils seraient en sécurité avec lui. Il restait à tester son comportement une fois monté. Et évidemment, il serait celui qui le testerait.
— Tu n'es vraiment jamais montée à cheval ? insista-t-il.
— Pour te dire la vérité, c'est même la première fois que j'en approche un. J'ai toujours voulu avoir un animal rien qu'à moi, mais mon père... Il n'a jamais voulu.
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Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasyDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...