Une immense statue de hibou accueillit les voyageurs. En bois, elle se couvrait de plumes aux tons cuivrés, leur pointes améthystes ne laissaient guère place au doute. Araane sous sa forme principale. Celtica évita le piège de ses yeux fascinants et arracha ses amis à sa contemplation. Inutile d'agacer davantage la déesse. Moins elle regarderait dans leur direction, mieux ils se porteraient. Un escalier dissimulé derrière l'effigie attira son attention. Il s'enfonçait dans les profondeurs du temple. L'épée serait sans doute au bout.
— Nasha et moi nous vous attendrons ici, déclara Jàvöna. Si les choses tournent mal pour Fédra et Telnim, nous devons prendre la relève.
— Coxa pourrait nous trahir, poursuivit la guerrière brune. Qui peut faire confiance à un démon ?
— Coxa nous trahira pas ! riposta Cléon, indignée.
— S'il devait le faire, il l'aurait déjà fait, approuva le prince. Allons-y, bonne chance !
Les deux femmes leur offrirent un sourire et un petit geste de la main, puis se postèrent de chaque côté de la statue, en garde. Vlad prit aussitôt la tête, puisant au plus profond de ses ressources le courage qui lui faisait habituellement défaut. Alors que Celtica l'incitait à passer devant lui, Cléon arma son pistolet alchimique.
— Je couvre tes arrières.
L'air farouche qu'elle peignait sur son visage lui interdit toute forme de contestation. La jeune fille inexpérimentée du fameux soir de leur rencontre n'existait plus. Saurait-elle un jour à quel point il la trouvait séduisante avec son air revêche ? Il s'engagea derrière le marquis, le sabre au poing. Elnath n'était peut-être pas seul, un autre démon pourrait les attendre près de l'épée de nacre et d'obsidienne. Il ne prit pas la précaution de rassembler de l'énergie en vue d'une confrontation : l'endroit en était gorgé comme un marécage.
L'escalier s'enfonçait encore et encore, toujours plus profondément dans les tréfonds de la terre. Nul besoin de lumière, des cristaux magiques, parfois énormes, poussaient le long des parois. En tous points semblables à ceux que l'on trouvait au Nâèm Nyara'ndr'â, ils émettaient de doux rayonnement, comme de petits soleils. Les murs, le plafond et les escaliers se paraient de huit teintes. Ils ne prirent pas le temps de s'émerveiller, l'odeur de la magie enflait à chaque pas et annonçait le cœur de la demeure d'Araane.
Celtica s'attendait à découvrir un magma épais et bruyant, palpitant comme à Térrà Nâèm. Tous les Anciens qu'il avait rencontrés se massèrent dans son esprit, si clairs, si précis. Il ne les avait pourtant rencontrés qu'une seule fois, et il lui semblait à présent impossible d'oublier leurs visages, leurs espoirs. Une énergie nouvelle s'embrasa dans sa poitrine.
Un chant solitaire résonna.
Le jeune homme se figea. Quelque chose l'appelait, loin, très loin. Soutenu par les Anciens, guidé par cette voix antique, il ne pouvait pas échouer. Il inspira et expira profondément pour calmer l'agitation de son cœur. La hâte, l'excitation, les promesses et les doutes l'assaillaient comme autant d'ennemis. Un pas après l'autre... Jusqu'à Ironie.
Dans son dos, Cléon posa une main rassurante. Il se tourna et sourit. Inutile de l'inquiéter avec ses propres craintes. Elle le dévisageait, le jaugeait. Le jugeait. Oui, le jugeait. Pour qui se prend-elle ? D'un geste rageur, il se dégagea et se rapprocha de Vlad. Il n'avait pas besoin de femme. Il aurait bientôt Ironie. Le marquis avançait à une lenteur exaspérante. Ne peut-il pas presser le pas ? Agacé, il poussa son ami et prit la tête. Quoi ? Il conteste ? Il se retourna et pointa son sabre sur la gorge du géant blond. Voilà qui devrait le faire taire !
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Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasyDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...