19 L'assaut (2/3)

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     Vlad arrêta la troupe à quelques centaines de mètres de la propriété de Faranan. Si ses gardes voyaient arriver un si grand contingent, ils compliqueraient inévitablement l'opération. Il fallait que tout se déroule sans heurts !

      — Reste là, Fédra, ordonna-t-il. Surveille-les, ils ne doivent pas me suivre.

     La jeune femme eut un sourire en coin, se pencha sur l'encolure de sa monture et croisa les bras, décontractée.

     — Moi, je veux bien, mais qui va faire attention à tes fesses ?

     Vlad lui montra une fine petite flûte. On utilisait ces instruments dans l'armée afin de communiquer. La Walkyrie s'esclaffa.

     — C'est bien la première fois que tu fais preuve d'une telle initiative ! C'est de voir le gouverneur qui te rend nerveux comme ça ?

     Mal à l'aise Vlad rangea la flûte à sa ceinture. Fédra avait encore vu juste. Il était terrifié à l'idée de faire échouer cette mission.

     — Haut les cœurs ! lança Fédra en même temps qu'une tape dans le dos. Tu vas y arriver ! Fais-toi un peu confiance, ma parole !

     Le marquis n'esquissa qu'un maigre sourire et talonna sa monture. Elle n'était pas aussi agréable que la précédente, hélas abandonnée en Augustrie, mais elle répondait assez bien à ses ordres. Il n'avait pas à se plaindre.

     Il atteignit bientôt l'entrée du château, deux gardes jouaient aux dés en partageant de la bière avec ceux qui les regardaient. Ils ne s'attendaient pas à la moindre attaque. Ou alors, ils s'en moquaient éperdument. Vlad s'éclaircit la gorge, aucun des hommes ne se tournait vers lui. En fait, ils n'avaient même pas remarqué sa présence !

     — Messieurs ! lança-t-il d'une voix forte. Le prince Celtica Illis de Noblargent, prince héritier du trône du Brasier, m'envoie m'entretenir avec le baron Faranan Yréan. Veuillez m'annoncer !

     Les gardes échangèrent un regard et éclatèrent de rire.

     — Vous ne le saviez pas ? Le gouverneur ne reçoit personne. Par décret royal !

     Vlad sentit la sueur perler à la racine de ses cheveux. Il n'avait néanmoins pas abattu toutes ses cartes. Il sortit de sa sacoche un parchemin qu'il déroula et leur montra d'un geste sûr. L'un des soldats s'approcha et observa longuement ce qui était écrit, les yeux plissés. Puis il appela ses collègues, l'un d'eux apportait un épais volume qu'il s'évertua à éplucher.

     — Mais c'est...

     — Oui, oui, c'est bien...

     — Non, attendez, il est un peu différent...

     Vlad soupira. Ils vérifiaient l'authenticité du sceau apposé par son prince, mais aussi avinés qu'ils l'étaient, ils n'étaient pas prêts de le reconnaître ! Même s'il s'était présenté avec toute la troupe, ces hommes-là ne leur auraient posé aucun problème... Enfin, il tenait tout de même à mener sa mission dans les règles !

     Celui qui se présentait comme le chef de cette joyeuse petite faction leva le nez du parchemin et étudia le visage du marquis, plissant les yeux.

     — Hé, mais j'vous reconnais... Z'êtes le capitaine d'Œilbleu ?

     — C'est exact.

     L'homme sursauta et poussa ses compagnons.

     — Allez-y, allez-y ! Les émissaires de l'empereur sont toujours les bienvenus !

Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant