16 Chasse à l'homme (1/2)

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   —  Il s'est réfugié dans la grange. Il perd un peu de sang, mais il reste en forme.

   Algiedi regarda aussitôt dans la direction que Sheratan lui indiquait. La grange ? Pourquoi n'avait-il pas tout simplement frappé à la porte de ces paysans ? Ç'aurait été aussi logique que simple. Et surtout beaucoup plus sûr. Car le Capricorne n'avait aucune intention de le laisser s'en sortir.

   Le démon se rendit dans la bâtisse et ignora les meuglements outrés des bovins pour aller observer le tas de paille. Il n'y était pas resté bien longtemps, une heure ou deux, tout au plus, mais cela avait été suffisant pour y imprimer sa silhouette. Ce que confirma Sheratan en le rejoignant. Il se savait poursuivi. C'était une preuve d'intelligence, en quelque sorte. Dommage qu'il s'en soit pris à la mauvaise personne. Sa vie serait courte.

   — Regarde.

    Le Bélier lui pointa du doigt une petite tache de sang. Il n'avait pas besoin de la lui montrer, Algiedi avait soupçonné son existence dès qu'il s'était approché de la paille. L'odeur âcre qui lui était si caractéristique lui irritait le nez. Encore. Sheratan ne paraissait pas dérangé outre mesure. Il lui enviait cette indifférence qui lui faisait à présent tant défaut. Il avait cru qu'avec le temps, le sang ne le gênerait plus. Il avait eu tort. C'était même de pire en pire.

   En observant les alentours, ils se rendirent compte que cette tache était la seule, Eickœs s'était assuré de ne laisser aucune trace derrière lui. Malin. Mais c'était sans compter sur le talent de Sheratan. Il n'existait pas meilleur pisteur. Et Algiedi distribuait la mort mieux que personne. Ensemble, ils formaient un duo redoutable.

    Sheratan sortit de la grange et étudia le sol. La pluie avait rendu la terre boueuse, même sous les herbes, et c'était précisément là que le voleur avait dû fuir, en voulant dissimuler sa présence. Mais rien ne saurait tromper le Bélier. Algiedi s'adossa contre la cloison aussi confortablement que le lui permettait son armure, et croisa les bras. Son compagnon pourrait en avoir pour un petit moment, autant prendre son mal en patience.

   Comme un orfèvre, Sheratan inspecta minutieusement chaque brin d'herbe, chaque motte de terre. Tout était susceptible de lui révéler la direction qu'avait prise leur proie. Pour Algiedi, cela relevait d'un don surnaturel... Enfin, plus surnaturel que leurs pouvoirs depuis qu'ils étaient devenus des démons. Un état dont il se serait bien passé. Mais il ne regrettait rien. Si tout était à refaire, il le referait, sans l'ombre d'une hésitation.

   — Algiedi, je le tiens !

   — Déjà ?

   Le Capricorne le rejoignit et s'accroupit. Sheratan lui montra quelques traces que lui seul pouvait voir, puis lui indiqua une direction.

   — Il boite, il a probablement faim et froid, et surtout, Ironie le ralentit. Elle a croisé notre prince...

   — Et elle le réclame. C'est une bonne nouvelle.

   — Pas tout à fait, il y a quelqu'un d'autre d'impliqué.

   Algiedi retira son heaume, laissant couler dans son dos ses longs cheveux rouges sang, et tourna son visage vers son ami. Celui-ci se découvrit également la tête.

   — Qu'est-ce que tu veux dire ?

   — La fille d'Aljinan y était.

   Algiedi se sentit pâlir. Il saisit les épaules de son ami et le secoua.

Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant