En l'espace de quelques heures seulement, tout avait basculé, tout lui échappait. Celtica se recroquevilla dans son buisson, bien contre le mur, et retint sa respiration. Des cris retentirent, de nouvelles détonations firent trembler les vitres des immenses fenêtres, au dessus de lui. Déjà affaibli par l'énergie de son sort, il se sentait glisser vers les limbes de l'inconscience. Il n'y existait plus aucune prise à laquelle pouvait se raccrocher son esprit.
Il renversa la tête en arrière et grimaça. La douleur était insupportable ! En cherchant une position plus confortable, il appuya accidentellement sur sa blessure et poussa un cri bref. Il ignorait si les mercenaires étaient encore dans les environs, et si c'était encore le cas, il était sûr d'avoir signé son arrêt de mort. De grosses gouttes ruisselaient le long de son front et dans son dos, autant dues à la chaleur étouffante de l'été, qu'à la peur qui, décidément, avait été sa plus fidèle compagne de la soirée !
Tout doucement, les branches du buisson s'écartèrent.
Celtica ferma les yeux, un pur réflexe incongru.
Mais la mort ne vint pas.
— Ils sont partis, sors de là !
Une voix aiguë, légèrement rauque. Peut-être à cause des cris... Il ouvrit tout doucement les yeux. Un jeune garçon se tenait devant lui, tout aussi couvert de sueur que lui. Il portait un bandana autour du cou, et des cheveux bruns et sales en catogan. Il lui tendait la main, mais à sa ceinture pendait une dague, loin d'être innocente...
— Dépêche-toi ! Tu te vides de ton sang !
Celtica comprit à peine le sens de ses paroles, mais le ton l'incita à lui prendre la main. Elle était tiède, et étonnamment agréable. Après cette attaque, le peu de chaleur humaine lui semblait plus précieux que n'importe quel trésor.
Tout doucement, il l'aida à sortir de sa cachette. Il n'y avait plus personne aux alentours, et un vague tumulte leur parvenait depuis l'intérieur du bâtiment, entrecoupé par des éclats de rires. Rien qui ne ressemblât à un combat... Le garçon l'obligea à s'asseoir à la lumière, et d'un ton impérieux lui ordonna de le laisser regarder la blessure. Le prince était trop fatigué pour penser à se rebeller. Avec délicatesse, mais fermeté, il souleva le pan de vêtement déchiré et inspecta la plaie d'un air sévère.
Celtica dévisagea son jeune sauveur pour penser à autre chose qu'à la douleur et à la peur. D'après la rondeur de ses traits et la tonalité de sa voix, il ne devait pas encore être pubère. Pourtant, son regard dénotait une certaine maturité, que Celtica n'avait que très rarement vue chez les jeunes gens de son propre âge.
— J'peux rien faire, déplora-t-il. À moins que...
Il se mit à chercher quelque chose sur lui.
— Peste... Je l'ai laissé à la maison...
Il sortit néanmoins de sa poche une petite fiole d'une potion épaisse, vaguement violette.
— Tiens, bois-ça ! Ça devrait limiter l'hémorragie.
Circonspect, Celtica le regarda déboucher la fiole et la lui tendre. Il la prit du bout des doigts.
— C'est pas très bon, s'excusa-t-il, mais c'est efficace. Sur moi, en tout cas.
L'inconnu se retourna pour déboutonner sa chemise. Haussant un sourcil, Celtica renifla la potion. Elle n'avait pas de parfum particulier, hormis peut-être une forte odeur iodée, qui devait certainement provenir de la mer. Il commença par la goûter du bout de la langue, mais ne perçut aucune saveur d'amande. Elle n'était pas empoisonnée au cyanure... Il haussa mentalement les épaules. Pourquoi essaierait-on de le tuer avec du poison, alors qu'il était affaibli, et qu'une dague était toute prête à mordre sa chair ?
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Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantastikDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...