Marchant à côté de leurs chevaux, ils quittaient enfin la forêt pour retrouver la route. Et l'Augustrie se dévoilait à eux ! Entourée de montagnes relativement basses, si on les comparait aux monts brasiens, elle verdoyait sans retenue aucune, comme un trésor éclatant qui ne se révélait qu'aux plus audacieux des voyageurs. De grands prés parsemés de fleurs sauvages où paissaient les moutons et les chèvres accompagnaient la route à travers les vallons. Et toutes ces couleurs vives et éclatantes ressemblaient à un véritable bol d'air frais.
Vlad donna un coup de coude dans les côtes de Celtica.
— Ça rappelle la maison, hein ?
— Oui, souffla-t-il, ébahi par la beauté du paysage.
Après la pénombre de la forêt qu'ils avaient longtemps supportée, ce retour à la lumière passait presque pour une renaissance. Sabik leur avait recommandé de suivre la route principale jusqu'à trouver le fleuve et de continuer vers le nord, le long de celui-ci. Ils finiraient alors par arriver à Verteville. Puis le démon avait disparu, pour ne plus réapparaître. Celtica ignorait s'il les suivait toujours, mais il se sentait déjà plus libre, comme si un poids considérable avait été retiré de ses épaules.
— J'annonce d'ores et déjà que je serai le premier à prendre un bain, à la première auberge où l'on s'arrêtera, décida Celtica. J'ai assez de toute cette crasse que je cumule depuis des jours !
— Et ça ne sera pas du luxe ! lança joyeusement Fédra.
Celtica choisit de les ignorer, elle et les rires qu'elle avait déclenchés et se focalisa sur les bêtes qui broutaient en toute quiétude dans les champs pour ne pas entendre ses compagnons. Il aurait mieux fait de se taire ! Les connaissant, tous les trois, il n'aurait pas fini de subir leurs taquineries. Au palais, les mauvaises langues l'appelaient « prince coquet ». Il se fichait pas mal de ce sobriquet, mais il aurait préféré que ses amis n'y fasse pas référence...
Ils traversèrent plusieurs villages qui n'offraient aucun gîte, ce qui les poussait à marcher toujours plus loin, dans la fastidieuse recherche d'un asile temporaire. Ce n'était pas si grave, en fin de compte ; il faisait beau mais pas trop chaud, les paysages étaient agréables et ils se sentaient en sécurité. En revanche, les autochtone plissaient les yeux et fronçait le nez sur leur passage, les pointaient du doigt ou agitaient les bras dans leur direction. Et dans ces cas-là, le jeune homme aurait préféré se terrer dans un terrier, plutôt que d'affronter leurs regards suspicieux.
Depuis leur dernière escarmouche, ils n'avaient affronté aucun autre mercenaire. Celtica ne savait s'ils le devaient à Sabik, mais il appréciait le répit ainsi accordé. Le bruit de l'acier tiré ne faisait pas vraiment partie des plus beaux sons du monde, et l'odeur du souffre, qui entrait dans la confection des capsule alchimiques de Cléon, lui retournait l'estomac. Il avait ainsi passé de longues heures à avancer dans un état nauséeux. Il n'en avait fait part à personne, par fierté. Ou par stupidité. Fort heureusement, ses maux d'estomac s'étaient estompés par la suite, rendant tout à coup le voyage beaucoup plus agréable.
Vlad insista pour s'arrêter à une ferme qui produisait du fromage, aliment dont il raffolait, malgré l'objection du reste du groupe. En effet, tous jugeait imprudent de s'arrêter, leurs accents risquaient de les trahir à tout moment. S'ils venaient à comprendre qu'ils provenaient du Brasier et de l'Arcane, deux voisins avec lesquels l'Augustrie entretenait des relations plutôt houleuses, ils courraient un danger certain. Alors, autant ne pas s'éterniser ! D'autant plus qu'ils avaient croisé des gardes en patrouille, et ils n'avaient pas vraiment l'air commodes.
Mais Vlad se moquait bien de leurs arguments et de leurs craintes. Sûr de lui, parce qu'il avait l'habitude des fermes, il croyait sincèrement pouvoir se faire passer pour un campagnard, et que, même si son accent renseignait immédiatement son origine, il paraîtrait tout à fait inoffensif... Malgré sa taille.
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Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasyDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...