31 Le Conseil des Anciens (1/3)

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     — Ne vous inquiétez pas, tout ira bien.

     Arkh ajustait le col de la tunique de Celtica, vérifiait la position de ses cheveux.

     — Ils désirent vous rencontrer, continua-t-elle, et vous aider à résoudre vos problèmes.

     — J'ai peur de les décevoir...

     — C'est idiot. Je vous ai formé, je vous ai parlé du Chant, d'Ironie.

     Nerveux, Celtica jeta un regard par-dessus l'épaule d'Arkh. La cavité, peu profonde, débouchait directement sur le magma magique. Il exhalait une odeur d'une puissance indicible qui lui inspirait autant la nausée que le ravissement. Ils se tenaient dans les entrailles du Nâèm Nyara'ndr'â, là où palpitait son immense cœur. Le volcan vivait, conscient de leur présence. Les grondements, puissants, assourdissants, triomphants, leur parvenaient largo à intervalle régulier, au rythme d'un métronome impérieux. À chaque coup de tambour, la roche vibrait, résonnait, répondait. Intimidé, Celtica aurait juré qu'un terrible despote les surveillait, bien dissimulé au sein du spectaculaire magma.

     Derrière eux se dressait une porte massive, fusion insolite du bois et de la roche. Des gemmes alchimiques s'y inséraient selon le diagramme élémentaire. Elle n'exhibait pas de poignée, mais une ligne verticale, à peine visible, la traversait en son centre. Peut-être s'ouvrirait-elle d'une simple poussée.

     — Cerbère ne nous accompagne pas ?

     — Les familiers n'y sont pas autorisés. C'est une question d'équité, certains sont bien trop imposants pour se tenir dans une grotte, d'autres ne vivent que dans l'eau... En outre, nous y serions très à l'étroit. Donc Cerbère est libre de disposer de sa journée comme il le souhaite.

     — Tous les Anciens en possèdent-ils un ? Peuvent-ils en posséder deux ?

     Arkh eut un sourire amusé.

     — Non, nous ne possédons pas de familiers. Nous nous lions l'un à l'autre. Non, nous n'avons pas tous la chance d'en connaître un. Et non, comme deux âmes-sœurs, nous ne nous lions qu'une fois dans toute notre existence.

     — Qu'est-ce qu'un familier, au juste ?

     — Un compagnon. Un garde-fou. Un guide et un protecteur. Vous êtes bien curieux aujourd'hui.

     Celtica passa une main dans ses cheveux flamboyants, mal à l'aise.

     — À vrai dire, ces questions me taraudent depuis mon arrivée, mais je redoutais de paraître discourtois.

     Elle sourit à nouveau, énigmatique. Le jeune homme ne savait jamais à quoi s'attendre avec elle. Non pas qu'elle fît montre d'agressivité ou de brutalité, mais il dansait en elle une étincelle sauvage, indéchiffrable. Elle pourrait sortir les griffes à tout instant sans lui laisser la moindre opportunité de défense.

     — Jinan n'avait pas pris autant de précautions, se souvint-elle. Ne vous inquiétez pas, ce ne sont pas des secrets intimes. J'ignore quand ces liaisons ont commencé, mais elles sont, pour mon espèce, essentielles. La magie bouillonne en nous et nous détruit irrémédiablement, à petit feu. Jour après jour, nous gagnons en puissance, mais nous mourrons. Les familiers ont été des monstres particuliers ou des animaux particuliers qui ont bénéficié d'une sorte de grâce divine et ont atteint l'éternité. Ils nous aident à canaliser cette énergie qui nous grignote sans répit. Concrètement, ils doublent notre espérance de vie, ce qui n'est pas un avantage négligeable, comme vous pouvez vous le figurer.

Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant