Ils entrèrent enfin dans la cité à proprement parler, et furent immédiatement étourdis par le tumulte incessant de la foule. Des voix jouaient une musique improbable sans sens, sans esthétisme, les mouvements, tantôt lents, tantôt anarchiques ne menaient dans aucune direction précise, les odeurs du marché s'entremêlaient avec plus ou moins de réussite. Les très hauts bâtiments ne dataient pas tous de la même époque et constituaient une étonnante mosaïque de couleur et de forme. Le point culminant de la cité était une colonne qui dominait tous les toits. Il s'agissait d'une tour alchimique, au sommet de laquelle brillaient doucement des gemmes vertes, destinée à servir de point de repères aux vaisseaux sillonnant les cieux. Celtica ignorait comment elles fonctionnaient, on ne le lui avait jamais expliqué.
D'un commun accord, ils se mirent à chercher une auberge où ils pourraient poser leurs affaires et passer la nuit. La plupart de ces établissements se trouvaient en plein cœur de la cité, au plus près de l'agitation. En périphérie, elles paraissaient très mal fréquentées et bien trop dangereuses. Ils en choisirent finalement une située sur la voie principale, qui ne semblait pas bien luxueuse, mais qui était propre et entretenue. De plus, selon la patronne, la plupart des clients étaient de simples clientes, qui ne faisaient pas commerce de leur corps. Cléon serait en sécurité, et leur bourse bien à l'abri des brigands que ce travail pouvait attirer.
La chambre qu'ils réservèrent, bien que petite, abritait deux lits séparés ainsi qu'un baquet relié à une pompe fonctionnelle. Et comble du bonheur, la tenancière mettait à disposition de ses clients un joli pain de savon parfumé ! Celtica n'en avait plus vu depuis un bon moment déjà, celui qu'ils utilisaient avait été entièrement dissous pendant leur voyage, et les autres auberges n'en proposaient ni n'en vendait. Après tant de temps passé sur les routes, cet établissement pourrait bien passer pour luxueux !
Cléon déposa son sac de voyage sur le lit qu'elle se choisit, s'étira et observa le plafond avec une pointe de déception.
— Il y a pas de corde, fit-elle. Je voulais faire un peu de lessive, moi...
Celtica remarqua alors des crochets sur deux murs opposés, entre les deux lits.
— Je vais demander à la patronne si elle aurait une corde. On pourra peut-être laver nos vêtements, finalement.
— Tu ferais vraiment ça ? Merci, t'es adorable.
— Il n'y a pas de quoi, répondit-il en riant. As-tu faim ?
— Non, pas vraiment. Je veux juste me laver, faire ma lessive et me reposer un peu.
Le jeune homme fronça les sourcils. Faisait-elle une rechute ? Elle paraissait pourtant en pleine forme.
— T'en fait pas pour moi, je me sens bien. Je suis juste épuisée, et la cité me donne le tournis. J'espère aussi trouver une solution pour traverser la frontière. Mais vas-y, toi ! Je sais que t'aimes te promener dans les rues.
— Tu es sûre que tu ne me caches rien ?
— Certaine !
Elle s'approcha de lui, le tourna vers la porte et le poussa vers la sortie.
— J'attends la corde !
Et elle referma la porte derrière lui. Celtica eut un sourire, puis descendit quérir l'objet en question. Quand il fut livré, il s'empressa de se chercher de quoi manger, guidé par son estomac affamé. Il se dirigea donc tout naturellement vers la grande place, où se concentraient les principaux marchands de la ville.
VOUS LISEZ
Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasíaDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...