17 Le pacte (3/3)

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   Vlad se promenait sur les quais, voletant d'un étal à l'autre. Tellement de poissons ! Il n'en avait jamais vu autant, et jamais d'aussi gros ! Les Lumissiens devaient le prendre pour un fou, mais il s'en moquait bien. Sa curiosité naturelle l'emportait toujours sur le qu'en-dira-t-on. Lui qui aimait pêcher, quand il ne faisait pas de longues balades, n'avait jamais attrapé de créatures aussi grosses. Quand il raconterait cela à sa tendre Sanra...

   Là-bas, une femme vendait des petites figurines en bois qu'elle taillait et peignait elle-même. Il admirait la finesse des minuscules animaux, et un hérisson attira immédiatement son regard. Lui, il plairait à Sanra. Il décrocha sa bourse et interpela l'artisane.

   —  Combien pour le hérisson ?

   Elle écarquilla les yeux, comme s'il était tombé de la lune.

   —  Vous voulez le payer ? Mais...

   Elle marqua une pause puis se mit à rire.

   —  Mais oui ! Vous n'êtes pas d'ici ! Vous êtes certainement un ami du prince !

   Vlad acquiesça, sautillant d'un pied à l'autre. Il n'aimait pas que tout le monde sache que Celtica se trouvait dans la cité, mais c'était la première chose qu'Aljinan avait répandue à leur arrivée...

   —  Euh... Bin j'sais pas quoi vous dire, moi, reprit la femme. C'est qu'on utilise pas d'argent ici...

   —  Comment vous faites, alors ?

   —  Du troc. D'objets ou de service. Les faveurs sexuelles sont interdites ! se renfrogna-t-elle brusquement.

   Penaud, le marquis regarda l'intérieur de sa bourse, ignorant sa dernière phrase. C'était bien embêtant... Il n'avait que de l'argent !

   —  Dommage, soupira-t-il. Le hérisson aurait bien plus à ma petite femme...

   L'artisane croisa les bras, l'air amusé.

   —  On peut peut-être faire une exception pour vous. Aljinan m'échangera l'argent contre un autre truc, il a un bouquin que j'voudrai lire.

   —  Aljinan vous prend l'argent ?

   —  Aljinan collecte l'argent qui sera utilisé à l'extérieur du port. Si j'avais besoin de matière première, j'irai lui demander un peu d'argent, et j'irai en chercher dans les villes d'à côté. C'est comme ça qu'ça marche, ici.

   —  Et ça fonctionne ?

   —  Oui, et plutôt pas mal en plus ! Combien au Brasier tu m'en donnerais pour cette babiole ?

   Cette fois-ci, ce fut au tour de Vlad de se sentir mal à l'aise. En vérité, il n'avait encore jamais acheté ce genre de chose, et il ignorait complètement quel pouvait être sa valeur exacte. Il s'empara d'une poignée de pièce et les lui donna sans la moindre hésitation. Comme tous les nobles, Vlad ne s'inquiétait pas de l'argent. Ses terres arables fournissaient bien plus de denrées qu'Estalis pourrait en avoir besoin, et le surplus était vendu dans les fiefs moins gâtés par la nature. Les paysans travaillaient bien et recevaient une juste rétribution. Vlad touchait un petit pécule sur leurs taxes, et recevait une rente régulière. Il n'avait vraiment pas de quoi s'inquiéter !

   La femme masqua très rapidement sa surprise et le remercia... avant de lui offrir une seconde figurine. Un petit renard au regard malicieux. Celui-ci, il l'offrirait à son grand-père. Il salua l'artisane, et continua à parcourir ce marché très fréquenté, malgré la pluie qui commençait à tomber. Il lui fallait maintenant trouver un petit quelque chose pour sa mère. Un châle, peut-être ? Il y avait un homme, là-bas, qui confectionnait de sublimes étoles aux couleurs éclatantes !

Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant