Celtica s'étira et bâilla longuement et sans retenue. Enfin, il obtenait le droit de quitter le lit et, surtout, l'auberge ! Il avait mal partout, à force de rester allongé, et ces mêmes quatre murs lui donnaient mal au cœur. Dix longs jours à guetter avec avidité les visites de Vlad et Fédra, de Kwen et Falmin, l'aubergiste brasien. Les premiers venaient lui tenir compagnie, jouer aux cartes et discuter autour d'une tasse de thé, les seconds n'avaient à cœur que sa santé.
Kwen l'auscultait avec la régularité d'un métronome, lui apportait ses médicaments. Ses premières impressions se confirmèrent, le médecin se révélait être un homme aimable, très bavard. Sa gentillesse n'avait rien de feinte et il aimait parler de son passé d'esclave. Il avait eu la chance de ne pas trop souffrir de son état, car son savoir et ses techniques médicales faisaient de lui un produit rare et cher. Il avait été bien traité. Il ne devait sa liberté qu'à la cupidité de son ancien maître, qui l'avait affranchi sur son lit de mort pour empêcher ses enfants d'en hériter. Une fois que son tatouage eut été barré, il avait suivi les routes d'Arcane, errant sans but précis jusqu'à trouver Port Lumis et Aljinan. Il était à présent très heureux.
Falmin préparait au prince ses médicaments et ses repas. Il se montrait toujours très impressionné d'approcher le futur empereur du pays qu'il avait quitté. Il n'osait jamais s'adresser directement à lui, et le regardait toujours du coin de l'œil. Cela avait quelque chose de frustrant, Celtica n'avait jamais mordu personne ! Il se demandait bien quelles étaient les raisons de son départ du Brasier, mais il ne parvenait jamais à lui poser la question qui lui brûlait pourtant les lèvres. Cet aubergiste était aussi insaisissable que le vent !
Celtica fit un brin de toilette et enfila de nouveaux vêtements. C'était Vlad qui les lui avait choisis, et malheureusement, le marquis avait des goûts plus voyants que les siens. Pantalon brun et chemise verte, qui, soi-disant, seyait à sa couleur de cheveux... Enfin, c'était déjà adorable de sa part, il n'allait pas faire la fine bouche !
Il descendit dans la salle commune où il vit l'aubergiste affairé à nettoyer les tables, une cigarette entre les lèvres. Une odeur de soupe flottait dans l'air, des légumes, un bouillon léger de poulet, légèrement rehaussé d'une délicate herbe aromatique typique d'Estalis... Pas de doute, il s'agissait d'une recette brasienne, qui lui rappelait cruellement la maison.
En l'apercevant, Falmin abandonna son chiffon pour foncer dans la cuisine, et revenir avec un bol de cette soupe bien tentante.
— Euh... Pardon d'être aussi... cavalier, mais il faudrait amener cette soupe chez Kwen... Et j'ai encore du travail... Vous savez comment y aller, euh... Votre Excellence ?
Chez Kwen ? Celtica sentit son cœur faire un seul et unique bond. Cela signifiait qu'il pourrait voir Cléon ! Oh, comme il en mourrait d'envie ! Maîtrisant les malheureux tremblements provoqués par cette vive émotion, il récupéra délicatement le récipient, s'efforça de sourire.
— J'allais justement voir Kwen. Merci.
— Ah... euh... non, c'est moi qui vous remercie. Vous m'retirez une épine du pied.
Celtica acquiesça et prit congé, tout en veillant à ne pas se précipiter. Il craignait d'éveiller les soupçons, et qu'il comprenne la raison de son empressement. Ce n'était pas convenable.
L'air marin le frappait avec une rare violence. Le ciel voilé assombrissait les rues, le vent faisait claquer le linge étendu sur les balcons et les terrasses. Et tout était une formidable bouffée d'air frais ! Il avait l'impression de renaître, de s'alléger. Ses soucis fondaient comme neige au soleil, il allait revoir Cléon ! L'espoir naissait dans son cœur comme une primevère au printemps. Elle ne pouvait pas avoir rejoint Mérénos...
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Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasyDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...