33 Après la pluie (3/3)

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     — Voilà qui devrait la requinquer un peu, marmonna Celtica.

     Il avait versé dans deux bols du gruau gluant et des fruits secs. Il aurait aimé y ajouter quelque chose de plus sucré, mais les placards désespérément vides ne contenaient que des petits pots de noix et d'orge. Pas de quoi réaliser un bon repas.

     Les escaliers, qui passaient au-dessus de la cuisine, craquèrent. Celtica s'étonna que Cléon se soit déjà levée, après les blessures qu'elle avait récoltées. Quant à lui, sa main ne le faisait plus souffrir. Au contraire, un froid pénétrant et désagréable se diffusait dans ses cicatrices, engourdissait ses sensations.

     La jeune fille apparut enfin, dans une simple chemise trop grande pour elle qui laissait voir trop de ses jambes. Sans doute appartenait-elle à son père. Elle lui adressa un petit sourire et s'assit à table. Quoiqu'encore pâle, ses traits étaient un peu moins tirés. Et surtout, elle pouvait se tenir debout sans vaciller !

     — Tiens, mange un peu !

     Il déposa le bol devant elle. Circonspecte, elle examina la bouillie informe et peu engageante. Il prit place face à elle et commença son repas.

     — Je savais bien que les princes savaient pas cuisiner, grimaça-t-elle.

     — On nous sert cela tous les matins, au Brasier. Bon, il est plus coloré et plus garni, mais... J'ai fait comme j'ai pu.

     — Et quand es-tu devenu un chef cuisinier ?

     — Ne te moque pas, je voulais te faire plaisir !

     Cléon sourit et prit du bout des lèvres une première cuillerée.

     — C'est bizarre, lâcha-t-elle. C'est pas vraiment bon, mais ça n'a pas si mauvais goût... Et vous mangez ce machin tous les matins ? Pas étonnant que les Brasiens soient pas réputés pour leur humour... Moi aussi, ça me mettrait les nerfs en pelote !

     Celtica rit. La Cléon qu'il connaissait tant était de retour ! Il remarqua alors un collier autour du cou de son amie.

     — C'est étrange, dit-il, je ne t'ai jamais vu porter d'autres bijoux que ton bracelet.

     — Ah, ça ?

     Elle le sortit de dessous sa chemise. Un hibou constitué de deux nuances de bleu pendait au bout d'une lanière de cuir. La couleur des gemmes qu'Aljinan avait récoltées... Ce qui signifiait que ses éléments étaient les opposés des siens ! Ceci expliquait beaucoup de choses, s'il s'en remettait aux croyances nâémoises...

     — Papa me l'a donné à son retour, avec des nouveaux médicaments. Il m'a dit qu'en cas de crise, je devais le porter. Et c'est efficace ! Je ne me sens pas très bien, mais c'est supportable.

     — Ce doit être un cadeau des Anciens. Ce sont des êtres délicieux, prévenants et délicats. Ils m'en ont donné un aussi.

     — Je peux le voir ?

     Celtica le retira de sa poche et le lui présenta. Elle fit mine de vouloir le prendre, mais se ravisa. Puis elle le regarda dans les yeux, contrariée.

     — T'es malade, toi aussi, lui reprocha-t-elle.

     — Quoi ? Non, non pas du tout ! D'où tiens-tu cette idée ?

     — Hier soir, Kwen a parlé d'une nouvelle crise, et puis y'a ça.

      Elle désigna le pendentif du menton. Celtica lui attrapa la main et le lui posa dans la paume.

Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant