Celtica plongea dans le silence. Tout n'avait finalement été qu'un misérable jeu de hasard, plus ou moins heureux, comme l'avait soulevé Aljinan. Il eut une pensée pour lui. Son départ lui pesait, le temps lui semblait s'étirer, inlassable. Hormis Kélis'o, la bande de jeunes Nâémois l'évitaient comme la peste. Le devait-il à Fūrrin ? À cette fameuse nuit... catastrophique ? Chaque fois qu'il la croisait, elle lui lançait des yeux noirs, funeste comme une malédiction.
Comme le continent lui manquait ! Il se sentait isolé de tout ici. Certes, Térrà Nâèm était magnifique, ses habitants accueillants, mais le volcan et la magie le maintenaient dans une sorte de torpeur dont il ne pouvait s'échapper. Ces informations le pressaient, l'alarmaient. Le temps lui manquait, Araane le guettait. Les mortels paieraient très chèrement son moindre faux-pas. Il lui paraissait toutefois de plus en plus clair qu'Eickœs était le fils d'Araane. Et puisqu'il détenait encore un morceau d'Ironie, leur future confrontation ne faisait plus aucun doute.
— Et si je trouvais le Frère Tombé, et que je ramenais sa tête à Mérénos ?
— Vous sauveriez la sphère mortelle, mais vous commettriez la pire des ignominies, répondit Arkh. On ne tue pas un dieu, qu'il soit déchu ou non.
Un tressaillement parcourut l'assemblée. Les Anciens n'aimaient pas l'idée de tuer, même pour se nourrir. Même une plante. Sa proposition devait les horrifier. Il n'en tirait aucune fierté, mais s'il fallait en passer par là...
— Ce n'est donc pas une bonne idée, conclut-il.
— Ce n'est pas vraiment la question, rétorqua Palar'rrèn. Il doit se dissimuler et se faire le plus discret possible. Les dieux scrutent le monde depuis son bannissement, ils le traquent sans relâche. Féénikisii a cru un moment le débusquer et a incendié quelques hectares de la campagne brasienne.
Celtica fronça les sourcils.
— Il se serait caché au Brasier ?
— Il ne l'est probablement plus, soupira un homme dans l'assistance. Le dieu du feu l'a fait fuir avec ses incendies. Personne, et surtout pas un dieu déchu si revanchard, ne se laisserait tuer aussi facilement.
— Résultat, ce sont les mortels qui en souffrent, conclut Celtica. Nous nous engageons donc sur une mauvaise piste.
— Le plus sûr, reprit une femme au fond, c'est de ramener Ironie auprès des Noblargent, là où elle doit résider.
— Je suis bien d'accord, mais où se trouve-t-elle ? Dois-je récupérer les deux morceaux ? Et si l'enfant d'Araane était L'Épervier ? Le temps jouerait contre nous ! Il pourrait se blesser d'un instant à l'autre !
Il est peut-être même déjà trop tard, se dit-il, amer. Il y eut comme un flottement dans l'amphithéâtre.
— Impossible, répondit bientôt Arkh.
— Les Iyuïtes sont bien d'ascendance divine, mais cela remonte presque à la nuit des temps ! poursuivit Palar'rrèn. Les dieux ne se soucient plus d'eux depuis une éternité.
Le prince soupira. Sa théorie tombait à l'eau, mais un poids considérable le quitta. Finalement, peu importe l'identité de l'enfant, il suffisait qu'il récupère l'épée.
— Il vous faudra reprendre les deux morceaux, continua la doyenne. Ce serait plus prudent.
— Il ne reste plus qu'à savoir où se situent le morceau principal et Eickœs.
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Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasyDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...