19 L'assaut (3/3)

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     — Pas sans me battre ! rugit-il.

     Vlad déglutit. Il n'avait pas prévu cela. Il n'avait pas voulu cela ! Comment la situation avait-elle pu dériver à ce point ?

     — Dans quel camp vous placez-vous, Zavijava ? fit le marquis en prenant bien soin de garder le baron dans son champ de vison. Pour qui travaillez-vous, à qui revient votre fidélité ?

     — Mais à Sabik, bien évidemment. Vous ne me reprocherez pas de rendre visite à des amis, tout de même.

     — Alors sortez, et laissez-moi travailler.

     — Non, ne m'abandonnez pas ! gémit le gouverneur.

     Zavijava secoua doucement la tête.

     — Je ne bougerai pas, messieurs.

     Vlad n'insista pas. C'était inutile. Il espérait toutefois qu'elle ne lui planterait pas son éventail dans le dos... Faranan chargea en poussant un cri suraigu, Vlad dévia sans difficulté la lame ennemie. Il ne fallait surtout pas le blesser. Il tenta alors d'attraper son poignet pour le désarmer et le maîtriser. Mais l'adversaire se montra plus agile qu'escompté, il sauta en arrière pour se mettre hors de portée.

     La poisse ! Il ne lui facilitait pas la tâche. Vlad n'avait jamais brillé par ses faits d'armes et il avait comme dans l'idée qu'il se ridiculisait encore. Le raisonner ne servirait à rien, Faranan ne voulait pas écouter. Alors, il s'élança sur le gouverneur. Celui-ci poussa un nouveau cri et se jeta sur la table basse, empoigna la théière qu'il lui lança en plein visage. La céramique heurta sa tempe de plein fouet, l'eau chaude le brûla. Le marquis poussa un hurlement de douleur. Il lâcha son épée et porta ses mains à ses yeux. Il ne voyait plus rien ! Et Faranan était toujours armé ! Sa tête tournait, un liquide poisseux dégoulinait entre ses doigts.

     Il fallait souffler dans cette fichue flûte ! Fédra était toute proche, il fallait juste...

     Le bruit de l'acier. Des cris. L'odeur du sang.

     — Je suis là, capitaine !

     Fédra ! Vlad ressentit un profond soulagement. Il se risqua à ouvrir les yeux pour voir la Walkyrie sauter en direction du baron qui poussa un couinement suraigu. Il tomba à la renverse et la jeune femme vint le plaquer sur le sol.

     — Tu as perdu, déclara-t-elle.

     — Zavijava ! À moi !

     Le monde dansait une drôle de valse. Vlad ne trouvait plus son équilibre. Il chercha à tâtons un siège sur lequel s'asseoir et attendre que passe l'étourdissement. Faranan continuait à couiner, évoquant étrangement un cochon. Son surnom n'était peut-être pas usurpé, après tout... Vlad se laissa tomber sur l'épais coussin et grimaça de douleur. Sa tête, au niveau du coup reçu, l'élançait brutalement. Il ignorait ce que faisait Zavijava, et la seule chose qui importait était qu'elle n'empêchait pas Fédra de faire son travail.

     — Vous êtes à présent un prisonnier de Son Excellence, informa la jeune femme. Vous allez nous suivre et rencontrer Celtica Illis de Noblargent.

     Les hurlements du gouverneur peu coopératif furent étouffés par un bâillon. Vlad lui en fut aussitôt reconnaissant. Ses gémissements mettaient ses nerfs en pelote ! Il se sentait déjà honteux de s'être fait avoir aussi sottement, il n'avait pas envie d'entendre ses plaintes qui lui rappelaient son échec !

     Fédra se releva et abandonna son prisonnier ligoté pour se diriger vers le marquis. Vlad la laissa inspecter son crâne, grimaçait lorsque ses doigts touchèrent sa blessure.

Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant