— Le voilà, chuchota Sheratan.
En effet, Eickœs se trouvait au pied d'un arbre, caché dans un buisson. N'importe qui serait passé par ici ne l'aurait sans doute pas aperçu. Sheratan s'approcha du végétal volumineux et écarta les branches... Avant de bondir en arrière !
Une épée blanche et noire surgit des feuillages, assoiffée et mortelle.
Un ricanement s'éleva, sombre et décidé.
— Je savais que tu me suivais, fit-il. Mais tu peux rien contre ça !
— Laisse-lemoi, Sheratan. Retourne auprès de Sabik.
— Mais...
— Retourne auprès de Sabik !
Le Bélier hésitait. Algiedi savait qu'il craignait pour lui, et qu'il nourrissait quelque doute quant à sa résistance face à Ironie. Pourtant, il n'avait aucun souci à se faire. Eickœs fondit sur Sheratan, le Capricorne matérialisa une faux de foudre, et poussa son ami pour recevoir à sa place l'assaut. Le Bélier lui adressa un dernier regard et s'éloigna dans la nuit, vers l'est. Ils s'expliqueraient à Estalis.
Eickœs recula un peu, effrayé par le crépitement et les claquements des arcs électriques qui composaient sa faux mortelle. Elle était la seule force qu'il pouvait opposer à la lame des contradictions, mais le blesser reviendrait à le tuer. Encore une fois.
Algiedi effectua deux mouvements avec son arme afin de délier ses muscles et couvrir la fuite de son ami. Eickœs avait le regard d'un fou, imprévisible et déterminé. Ironie l'avait-elle changé ? Il ne connaissait pas ce jeune homme, mais ces yeux gonflés et injectés de sang promettaient mille morts et de longues heures d'agonie.
Ces yeux n'existaient pas dans le monde mortel.
— Tu peux pas me tuer ! feula-t-il.
— Je n'en serais pas si sûr.
Eickœs poussa un cri de rage et fonça sur le Capricorne, l'épée des contradictions en avant. Tranquillement, le démon fit un pas sur le côté, le jeune homme passa tout près, sans jamais atteindre sa cible. Ironie ne pouvait le blesser, mais Algiedi voulait garder cette information secrète. Mérénos n'accepterait probablement pas qu'il s'expose ainsi.
Le voleur revint à la charge, et un seul coup de pied dans le genou suffit à lui couper son élan. Il chuta durement sur le sol, et lâcha une insulte à son encontre. Algiedi ne frémit pas. Il s'avança vers lui et tendit la main vers l'arme qui attisait tant de convoitise. Quelle idiotie...
Mais Eickœs n'avait pas encore dit son dernier mot. Il se releva d'un bond, et poussa le démon d'un coup d'épaule. Le Capricorne lui attrapa le bras et le força à rapprocher son visage du sien.
— Elle n'est pas à toi. Tu ne sais rien d'elle.
— Je sais qu'elle est la clef de la liberté. La vraie !
— Ce n'est qu'une chimère ! Ce sont les chaînes de la folie et de la haine !
— La quintessence du pouvoir !
— Le berceau de l'orgueil !
Le jeune homme lui donna un coup de tête, Algiedi le lâcha et recula d'un pas, évitant l'assaut improbable. Il était déjà totalement dominé par la volonté de l'épée. Il ignorait s'il connaissait le Chant des Astres, et à vrai dire, il s'en moquait éperdument. Rien ne saurait lui faire entendre raison, même si les étoiles elles-mêmes venaient lui Chanter dans l'oreille ces funestes vers. Algiedi n'était pas plus certain que quelqu'un les comprenne réellement. Lui, si. Mérénos et Sabik lui avaient tout dit. Il en savait toutes les interprétations.
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Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasiDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...