41 Le prince parfumé (3/3)

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     — Une vraie aventure ! lança Telnim en sirotant son cidre. Croyez-vous que nous aurons à nous battre ?

     — Les clans les plus virulents se sont établis plus au nord, répondit Nasha, mais il arrive parfois qu'ils descendent vers la frontière. Nous avons plus de chance de tomber sur un guerrier isolé que sur des Walkyries.

     — C'est exact, ajouta Jàvöna. Et certains clans aiment jouer à la diplomatie. Mais ils restent redoutables. Dans tous les cas, à aucun moment les mots prince, brasien, altesse et Celtica ne doivent être prononcés. Les Walkyries sont furieuses contre l'empereur, et si elles se rendent compte de votre présence, nous aurions de sérieux ennuis. Permettez-nous de vous tutoyer, le temps du voyage.

     — Cela ne me pose aucun problème, vous êtes libre de le faire autant que vous le voudrez.

     — Idem pour chacun d'entre nous, poursuivit Fédra. Tout le monde tutoie tout le monde, nous reprendrons les conventions plus tard.

     — Ma foi, cela me semble être une idée plus que raisonnable, fit Telnim. Votre Altesse, vous devriez cacher votre chevalière.

     — J'y ai déjà songé.

Celtica jeta un bref regard à Cléon qui lui sourit. Elle conservait la bague comme un précieux trésor, il n'aurait pas à s'en inquiéter.

     — Je n'aime pas l'idée de les rencontrer, grinça Vlad. Elles sont redoutables et impitoyables avec les hommes...

     — Ça te changera ! lança Fédra en riant.

     — Mais je suis une victime perpétuelle ! Entre toi, ma mère et ma Sanra... Même mes employées ne me respectent pas ! Elles défient toutes mon autorité !

     — Et depuis quand tu as de l'autorité, toi ? Tes hommes ne t'obéissent que pour ne pas te faire de peine.

     Dépité, Vlad poussa un long soupir qui sonna comme un gémissement et un aveu de faiblesse. Celtica lui tapota gentiment le dos, tout en se mordant l'intérieur des joues pour s'empêcher de rire. Fédra soulevait une vérité, Vlad ne savait pas se faire obéir. Il jouait les papa-gâteau avec ses hommes qui lui en faisaient voir de toutes les couleurs. Jamais il ne les punissait et ses remontrances n'inspiraient pas la crainte. Et pourtant, ses soldats le suivaient, le soutenaient contre vents et marées. Une telle fidélité soulevait quelques questions, mais Celtica les mettait sur le compte de sa personnalité. Vlad était un homme généreux, bienveillant et juste, n'en déplaise aux courtisans qui n'avaient que « couardise » sur les lèvres à son propos.

     — Bien, les enfants, déclara Telnim, c'est sur ces bonnes paroles que je monte me coucher. Demain, nous nous levons tôt, je vous souhaite de trouver rapidement le sommeil, que nous partions dans de bonnes conditions. Passez une excellente nuit !

     Le maître d'armes leur adressa un sourire chaleureux, saisit sa tasse de thé et emprunta les escaliers en sifflotant.

     — Allez, Celtica, lança Vlad. Maître Demjak a raison, je veux que tu sois en forme.

     — Je n'ai pas encore sommeil...

Le prince avait espéré qu'ils montent tous pour se retrouver un peu seul avec Cléon... Hélas ! Le marquis se leva et le souleva par les aisselles.

     — Allez, dis bonsoir !

     N'y tenant plus, Fédra éclata d'un rire si fort, si intense, que des larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Celtica, écarlate, eut à peine le temps de leur faire un signe de main que son ami l'entraîna dans les escaliers, dans le couloir, dans sa chambre.

Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant