La frontière, enfin !
Celtica s'étira, fier du chemin qu'ils avaient parcouru jusqu'ici. La tâche fut laborieuse, en raison de la fièvre de son amie, qui avait fini par tomber au bout d'une trop longue semaine. Il avait craint le pire au moment où ils étaient parvenus à quitter la forêt, car Cléon ne répondait presque plus à son environnement. Ni ses appels incessants, ni les pluies intermittentes, ni le cahot perpétuel de la route ne parvenait à la tirer de sa léthargie. Un médecin l'avait examinée et avait prescrit une infusion médicamenteuse qu'il fallait lui faire boire à tous les repas. Le tout agrémenté de beaucoup de repos. Ils avaient donc été contraints de séjourner quelques jours dans une auberge, heureusement mieux fréquentée que la dernière.
Ils avaient perdu du temps, mais cela en valait la peine.
Cléon arriva enfin à sa hauteur, menant Rivalis par la bride. La voir marcher aussi aisément était un vrai soulagement. Le jeune homme l'avait longuement veillée, angoissé à l'idée qu'elle trépasse. Il... Il n'avait jamais eu aussi peur pour quelqu'un. Cette interminable détresse, plus jamais il ne voulait la revivre ! Mais lorsqu'elle s'était réveillée pour de bon... C'était comme s'il retrouvait quelqu'un qui lui avait terriblement manqué, une déferlante de joie pure qui l'avait submergé. Même s'ils se connaissaient depuis si peu de temps, les épreuves les avaient unis plus solidement qu'il ne l'avait cru. C'était un lien rare, précieux, qu'il ne voulait pas voir se flétrir.
— Voilà donc la frontière, fit-elle, légèrement essoufflée. Et maintenant ?
Celtica observa la chaîne de montagnes qui marquait la limite entre l'Arcane et l'Augustrie. Les mercenaires l'avaient sans doute traversée bien des jours auparavant, et peut-être même avaient-ils déjà atteint la cité de Verteville.
— Je propose que nous cherchions le meilleur endroit pour passer en Augustrie. À cause des ardeurs belliqueuses de l'Arcane, elle doit être sur le pied de guerre. Je pense que les passages les plus fréquentés doivent être particulièrement surveillés.
— Mais on a l'air de personne, tous les deux...
— C'est vrai, ironisa-t-il, la fille d'Aljinan, qui est son portrait craché, et le prince héritier du Brasier, dont la rousseur est tenue pour légendaire, n'ont l'air de personne.
Elle croisa les bras et se renfrogna.
— On peut pas être si voyant que ça, si ?
— L'Arcane a sans doute des milliers de raisons de s'en prendre à toi, continua imperturbablement le jeune homme, et l'Augustrie ne reculera devant rien pour obtenir ma tête. Nous devons redoubler de prudence.
Cléon acquiesça et mit sa main en visière pour observer le sommet des montagnes.
— On va passer par où alors ? Je ne connais pas cette région...
— Donne-moi la carte, s'il te plaît.
Elle obéit et vint se pencher près du jeune homme alors qu'il la dépliait au sol. Il inspecta minutieusement les routes qui entouraient celle de Biliamis, qu'ils s'apprêtaient à quitter. Un seul chemin principal continuait vers le nord, et passait à côté d'un poste de contrôle arcan. Il s'agirait du pire itinéraire possible, celui qui les précipiterait au devant de grands dangers. Il remarqua une autre voie vers le col, mais l'ascension pourrait être longue et difficile pour deux randonneurs amateurs.
VOUS LISEZ
Le Chant des Astres - Tome 1 : Le Verset du Feu
FantasiaDe l'autre côté de la voûte céleste Chantent les étoiles. Elles content une querelle millénaire qui oppose les dieux. Une fabuleuse épée, Ironie, est au centre de toutes les préoccupations, car son nom est synonyme de destruction. Pour retarder l'in...