L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)

Chapitre 88.2 : Se perdre

[Heart Attack - Low vs Diamond]

« Prends garde à ne pas te perdre toi-même en étreignant des ombres. », Ésope.

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Une grille. Celle d'une prison. Je l'observe en détail, les barreaux sciemment parallèles les uns aux autres, de cette couleur métallique, me séparant d'un être que je n'aurais jamais voulu revoir. Soudain des bruits de pas, très ordonnés, ni rapides ni lents, quelqu'un s'approche. De l'autre côté de cette grille, un gardien dans un uniforme très simple s'avance, d'un œil acerbe, il m'envoie un regard froid. Je ne réagis pas étant donné qu'il est plus prudent de se tenir à carreau. L'homme se stoppe pile-poil devant les barreaux, levant le menton pour se donner un côté plus effrayant sûrement.

« Mademoiselle Matsura ? Veuillez me suivre. »

Une petite sonnerie retentit et la grille s'ouvre grâce à l'épaisse main du gardien. Je me recule un peu, laissant suffisamment d'espace pour passer de l'autre côté, de ce côté que je ne devrai même pas connaître. L'homme me fait signe d'approcher, je passe devant lui tandis qu'il me reluque de la tête aux pieds. Je l'ignore très simplement jusqu'à ce qu'il se décide à refermer la grille et à avancer pour m'emmener devant la personne que je suis venue voir.

« Vous avez vingt minutes, pas une de plus. Je viendrais vous chercher à ce moment là. m'indique t-il sans intonation.

-D'accord, merci. »

Je talonne l'homme de près, marchant dans un couloir vide, froid, presque sombre, où seul le résonnement des chaussures trahissent notre présence. Il nous faut d'ailleurs un bon moment pour entièrement le traverser, arrivant jusqu'à une porte blindée qui ne peut que s'ouvrir qu'à l'aide d'une clé magnétique. Un autre couloir nous attend derrière, beaucoup plus large, de la taille d'une camionnette. L'homme continuant son chemin, je regarde de droite à gauche où des portes fermées sont marquées d'une plaque portant un numéro de série. Enfin, l'homme s'arrête devant la dernière porte à droite, sous la lampe jaune qui nous éclaire. Le gardien se tourne vers moi un instant, la main sur la poignée :

« Si vous avez une pince à cheveux ou tout éléments susceptibles de vous mettre en danger, je vous demanderai de me les confier le temps de votre visite.

-Je n'ai rien de tout ça.

-Bien, vous pouvez y aller. »

J'entends un très long grincement, durant lequel ma respiration se bloque. L'homme ouvre la lourde porte pour moi et m'invite à la passer. Je n'attends pas plus longtemps pour me pivoter et entrer. Dès que j'ai passé le seuil, une froideur remonte de mon échine, à m'en donner la chair de poule. Je me glace sur place pendant que ma vision remarque ce qui m'entoure. La salle où je suis est complètement blanche, de haut en bas, avec une lumière qui illumine une chaise qui fait face à une immense vitre transparente. De l'autre côté, j'y constate un homme, allongé sur le côté, me montrant son dos. Lorsque la porte claque derrière moi, la respiration de l'homme se fait plus intense et il pivote sa tête pour me fixer du coin de l'œil.

« Cela faisait une bonne paire d'années que ma famille ne m'avait pas rendu visite. »

Sa voix rauque éclate dans ma tête et je dois la secouer plusieurs fois pour reprendre mes esprits. Me décidant à avancer, je marche jusqu'à la chaise en bois qui émet un petit son de craquement quand je m'y assois.

« Bonjour Isaac. »

L'homme écoutant certainement ma voix bien plus aiguë que la sienne, s'assoit sur son lit pour se retourner vers moi. Au moment où ses yeux croisent les miens, le plus abominable sourire se place sur ses lèvres pendant que je me garde bien de lui montrer toutes émotions. Attendant sa réponse, je détaille son visage à moins de deux mètres du mien. Ses traits se sont largement abaissés et le visage si dur qu'il avait autrefois laisse à présent place à un côté vieilli par le temps. Ses cheveux foncés ont largement poussés, comme sa barbe, lui enlevant son air très élégant que j'ai connu durant toute ma jeunesse. Seul son sourire est resté le même, comme figé dans le temps, me rappelant avec douleur mon enfance à ses côtés.