Chapitre 95 : Rôle

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« Même pour jouer son propre rôle, il faut se maquiller. », Stanilas Jerzy Lec.

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De retour chez nous, je pars directement me laver tandis que Shoto rejoint sa chambre. Lorsque je suis propre, j'enfile un kimono de nuit que j'ai spécialement acheté la veille. Je retourne ensuite sur mes pas, pieds nus, retrouvant la chambre du héros, d'où une petite lumière tamisée s'en dégage. Pas à pas, je m'approche de la porte entrouverte et pour une raison inexplicablement affreuse, je frissonne en touchant du bout des doigts le cadran du battant. Une large froideur remonte de mon échine, me faisant éprouver tout un tas de sensations que je déteste. Je finis par pousser la porte et dès que j'entrevois la chaleur qui émane de la lampe postée sur la table de chevet du héros, mon corps se paralyse, expliquant à mes yeux qu'il est grand temps de contempler ce qu'ils ont devant eux.

Je constate en premier lieu, Shoto, torse nu, sous les draps, un malheureux sourire espiègle sur la bouche quand il me distingue. Puis peu après, j'observe ses vêtements, soigneusement repliés sur sa commode, avant de regarder le côté du lit encore non défait et qui n'attend que le moment où je vais me coucher dessus. Tout ceci provoque en moi un mélange détonnant, entre l'excitation de vivre cet instant et la peur de ce qui arrivera après. J'avance donc d'un pas, en me mordant la lèvre inférieure aussi méchamment que possible. Je continue finalement ma route pour m'asseoir sur le bord du lit. Shoto pivote ainsi son visage vers moi, me scrutant de bas en haut avec des yeux aussi adorables que séducteurs. Je défais le chignon qui retenait mes cheveux en l'entendant me parler :

« Ca te va vraiment très bien.

Basculant mes cheveux sur mon épaule droite, je lui offre un minuscule sourire.

-Je.. Je l'ai acheté pour toi, à vrai dire.

-C'est vrai ? Tu n'aurais pas dû. De toute façon, quoique tu portes, tu seras toujours belle à mes yeux.

Ah oui ? Tu en es vraiment sûr ? Je connais bien un ensemble qui te ferait changer d'avis.

Je m'allonge lentement sur les draps, adossant le haut de mon dos sur l'oreiller qui m'attendait. Je me tourne alors complètement vers l'homme qui continue encore et toujours à me regarder.

-C'est très bateau ce que tu viens de dire.

Avec sa main, il m'invite à poser ma tête sur son torse brûlant. C'est donc tout en disposant un côté de mon visage sur ses muscles que j'y ajoute ma main, qui s'amuse à faire des petits ronds sur sa peau délicate.

-Tu devrais accepter mes compliments au lieu de les tailler en pièce.

Déplaçant ses phalanges entre mes cheveux, il commence à tortiller quelques mèches, dans un sens puis dans l'autre.

-J'y songerai à l'avenir, c'est promis.

Embrassant sa chair à ma portée, je le ressens frémir en se crispant sur le moment.

-Tu.. Tu es fatiguée ? demande t-il en expirant par la bouche.

-Pas spécialement et toi ?

-Un peu mais je n'ai pas envie d'interrompre cet instant avec toi. Je me sens presque comme un gamin qui réussit enfin à avoir ce qu'il veut.

Je souffle un petit bruit semblable à un rire.

-Ce n'est pas comme si c'était la première fois qu'on dormait ensemble ! je me moque.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant