Chapitre 88.3 : Désespoir

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[Baby You Don't Wanna Know - Sum 41]

« Poser la question du monde absurde, c'est se demander : "Allons-nous accepter le désespoir, sans rien faire ?" Je suppose que personne d'honnête ne peut répondre oui. », Albert Camus.

*****


« Oh June ! T'en as mis un de ces temps, tu foutais quoi ? »

Lorsqu'à la sortie de l'agence de Deku, Katsuki m'interpelle bruyamment, je marche vers lui en silence, ne pouvant m'empêcher de ressasser l'horrible souvenir de voir Shoto pleurer. A la hauteur du blond, je sors une cigarette de mon sac pour l'allumer rapidement. Et tout en tapotant mon pouce sur le bord du mégot fumant, je lance un regard dénué de conviction à mon ami.

« Bah, rien de spécial, pourquoi ?

Il se frotte les cheveux avec sa main, un visage bien trop soupçonneux.

-J'ai vu Shoto sortir, il avait l'air tout retourné, tu m'expliques ?

Coinçant ma cigarette entre mes lèvres, j'inspire lentement.

-La prochaine fois que tu le vois, sois gentil avec lui, d'accord ? Je te le demande comme une faveur.

Katsuki ouvre des ronds.

-Qu'est-ce qu'il t'a fait ?! s'exclame t-il en se refrognant.

-Mais pourquoi crois-tu toujours qu'il me fait quelque chose ? Je te demande juste de te comporter bien avec lui, c'est si compliqué que ça ?

-Non mais..

-Si tu es vraiment mon meilleur pote, arrête de tout le temps croire qu'il fait tout de travers ! Je sais qu'il fait des erreurs et que ça t'inquiète mais ne le blâme pas en permanence, c'est tout.

Nous commençons à marcher pour rentrer chez nous.

-Il t'a fait un lavage de cerveau ou quoi ? Tu te souviens pas de ce qu'il t'a dit hier encore ? Des fois, vous deux, ça me dépasse complètement.

-Katchan, tu juges sans comprendre aussi. Comment peux tu être sûr que ce que je te raconte est la vérité ? Ne penses-tu pas que mon propre avis est biaisé par mes sentiments ?

Il remet ses mains dans ses poches en roulant des yeux.

-Tu veux me faire dire quoi, là ?

-Le truc c'est que souvent moi aussi j'ai pris l'habitude de voir simplement ce qu'on me donne. Quand Shoto me disait "restons amis", je le prenais comme ça, sans réfléchir un instant au sens, au pourquoi. Et avec le temps j'ai compris que la vérité détient plusieurs couches superposées les unes aux autres. Si tu t'arrêtes à la première, elle t'échappera inéluctablement.

-Tu me fais un cour de psychologie ou quoi là ?!

Nous nous arrêtons à un passage piéton rouge, nos pieds au bord du trottoir. Tout en expirant une longue latte de ma cigarette, je souris faiblement à mon ami qui me dévisage avec exaspération.

-Ce que je suis entrain d'insinuer c'est que Shoto ne va pas bien. Il.. Il est au bord du gouffre. Je l'ai jamais vu comme ça.

-Tu crois vraiment que c'est une bonne idée de te mêler de son mal-être en ce moment ? Tu penses pas que tu vas finir comme lui, à un moment donné ?

-Donc, la meilleure solution c'est de le laisser se démerder tout seul ? Et attendre que quelque chose se passe ?

-Si ça peut t'éviter de souffrir comme maintenant.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant