Chapitre 93 : Faveur

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« Plus je vieillis et plus je trouve qu'on ne peut vivre qu'avec les êtres qui vous libèrent et qui vous aiment d'une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. », Albert Camus.

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Quelques heures après

En fin d'après-midi, je passe rapidement chez moi pour y chercher quelques affaires à amener chez Shoto, comme il me l'a demandé. En route pour sa maison, je presse le pas en descendant dans les souterrains de Tokyo, pour prendre le métro. Pendant que je marche sur le quais, me rapprochant du monde aligné en attendant la rame, je repère une affiche qui me fait m'arrêter net dans ma course. Sous mes yeux ébahis, je reconnais mon visage ainsi que celui du coleader du parti anti-héros, dos à dos, sous le titre bien racoleur qu'a choisi la chaine télé pour nous présenter.

Hmm.. Avec tout ça, l'info des représentants pour le débat passe complètement à la trappe.. Quelle tragédie.

Relisant plusieurs fois mon nom, écrit en gras juste en-dessous de ma photo, un malheureux sourire vient se poster sur mes lèvres. Je prends donc la peine de sortir mon téléphone, histoire d'immortaliser cette image qui devrait me donner la nausée et une angoisse monstre en temps normal. Ma photo prise, je range mon cellulaire dans ma poche, pour détourner la tête, avec toujours ce fameux sourire qui ne quitte plus mon visage. Je recommence ainsi à marcher, la tête de mon "adversaire" à l'esprit, le très célèbre Sato Kei, avec ses yeux perçants en amandes, sa bouche relevée dans un rictus narquois et ses cheveux d'un brun profond.

Non mais quel clown ce mec, dire qu'il s'imagine déjà bras droit du futur premier ministre japonais. Si seulement il savait ce qui l'attend.

Rentrant à toute vitesse dans la rame avant que les portes ne se referment, je m'accroche à une lanière au plafond, mon sac dans l'autre main. Puis, complètement incapable de retenir le rire qui me submerge tout à coup, je secoue les épaules au milieu de la foule surprise. Je louche donc sur les gens qui m'entourent, me rendant compte que je suis entrain d'exprimer mes sentiments beaucoup trop puissants.

Haha, il faut que je me contienne un peu mieux que ça. Après tout, avec l'affaire Justice, y'a t-il une réelle raison de rire ?

Je cesse donc de rigoler en baissant les yeux, comme pour montrer ma honte pendant que les portes automatiques se verrouillent et que la rame redémarre sur les rails. Vingt longues minutes plus tard, j'arrive à ma station et je me hâte de sortir, remontant les nombreuses marches, pour longer le trottoir. Contemplant la vue du quartier, avec ses maisons espacées et la tranquillité régnant en maître, je prends un peu plus longtemps que prévu pour regagner la maison du héros aux cheveux bicolores. Les hauteurs de Tokyo, bien que nous soyons en plein jour d'été, sont un vrai panorama relaxant qui ne me laissent pas de marbre pendant toute ma route à pieds.

Finalement en arrivant devant la maison de Shoto, je me stoppe un instant, admirant l'architecture plus en détail, comme si c'était la première fois que je la voyais. Je distingue ainsi les lignes nettes du toit, la structure très moderne et récente ainsi que le côté très pompeux qu'elle dégage. Puis, tout en balayant de droite à gauche la bâtisse de mes prunelles, quelques questions totalement stupides me traversent.

C'est peut-être con, mais je me demande quand il a eu l'idée de quitter le domicile familial et pourquoi il a acheté ce genre de maison, lui qui a toujours été si.. Traditionnel ? Est-ce que ce serait Momo qui l'aurait incité ? Hmm.. Ca me ferait tellement rire si ça pouvait être ça, comme le plus ridicule et délirant karma du monde.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant