Chapitre 88.1 : Raison

250 20 94
                                    


« Quand il m'arrive quelque chose, je préfère être là. », Albert Camus.

*****


Dimanche, dans l'après-midi...

Vous allez me le payer, tous autant que vous êtes.

La musique de la radio faisant vibrer mon volant, je conduis à toute vitesse sur le périphérique de Tokyo, me rabattant soudainement à gauche ou à droite selon les voitures qui me klaxonnent quand je leurs barre la route. Soudain, un tunnel, j'allume mes feux de croisement en appuyant plus fort sur la pédale d'accélération.

Comment avez-vous pu penser que je le découvrirai pas ? Bande de connards.

Grâce à l'écho du tunnel, j'entends le moteur vrombir dans mes oreilles, régulièrement, comme la mélodie de ma frustration et de ma colère. J'accélère un peu plus, dépassant facilement la limitation de vitesse dans cette zone. Je sors finalement du tunnel pour qu'une horrible pluie vienne s'abattre sur mon pare-brise. J'actionne les essuie-glaces en continuant de rouler à vive allure. Je slalome quelques minutes entre les voitures, sentant les pneus déraper sur la chaussée humide. Je remarque soudain le panneau m'indiquant la sortie que je dois prendre. Je m'engouffre rapidement sur la voie d'insertion vide pour prendre un virage bien serré.

Une dizaine de minutes plus tard, j'arrive devant l'adresse qu'on m'a indiqué et je freine si fort que les pneus crissent sur le trottoir quand je m'y gare. J'ouvre ainsi la portière de la voiture, dès que le moteur est éteint, tremblante d'énervement. Sous l'averse qui m'attendait, je marche précipitamment vers la maison neuve qui me fait face. J'y passe le portillon qui ne grince même pas quand je l'ouvre et je rejoins le perron de la maison pour m'y mettre à l'abri. Je commence ainsi à sonner une première fois et devant mon impatience grandissante, je resonne une deuxième fois avec insistance. J'entends des pas pressés courir jusqu'à moi et enfin la porte s'ouvre. La tête totalement étonnée de Fuyumi apparaît devant moi, avec ses lunettes carrés laissant apercevoir des yeux troublés et son visage toujours aussi doux.

« June ? Je ne t'attendais pas. »

Je lui passe devant, essuyant une seconde mes chaussures sur le paillasson de son entrée. Elle me lance un regard chamboulé quand je lui souris en retour et que je commence à marcher. D'un coup, je rentre dans quelqu'un, qui devait sûrement se demander qui sonne aussi frénétiquement. Je reconnais à cette carrure large, à ses épaules carrés, à ce fameux regard mauvais ; Endeavor qui semble tout aussi surprit que sa fille de me voir ici, face à lui.

« Qu'est-ce que tu fais là ?! gronde t-il.

Il tente de m'attraper, sûrement pour me foutre dehors, et je recule instantanément, le maudissant dans un regard sombre.

-Je suis venue réparer vos conneries, où sont-ils ?

-Enji, il y a un problème ? demande une voix féminine au loin.

Le concerné se tourne vers la voix un instant avant de faire volte-face avec mépris.

-Sors d'ici, tu n'as rien à faire là ! me menace t-il.

Je relève la tête vers le haut, la mâchoire si serrée que mes dents grincent l'une contre l'autre et d'un coup net et vif, je pousse l'ex-héros hors de mon chemin.

-Quand j'en aurai fini avec ça, je m'occuperai personnellement de vous, Monsieur Todoroki. »

Ma voix est si tranchante, si violente, qu'Endeavor ne trouve rien de mieux à faire que de rester sur place, voulant éviter un scandale, sans doute. Je profite de ce temps de latence pour continuer à marcher jusqu'à ce que deux grosses portes me barrent la route. Je les pousse brusquement, ne prenant pas la peine de faire attention à ma gestuelle. Toutes les personnes assise à la grande table, d'une pièce qui ressemble fortement à une salle à manger, se tournent vers moi, choqués, presque déconcertés de me voir débarquer sans y être invitée.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant