Chapitre 136 : Âmes sœurs

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« Je ne crois pas à la valeur des existences séparées. Aucun de nous n'est complet en lui seul. », Virginia Woolf.

*****


Un jour après, j'ai la délicieuse chance de me réveiller seule puisque Shoto est appelé en mission assez tôt. Je me lève donc seule, je mange seule, je vais au travail seule. Et cela, bien que ce soit mon quotidien depuis de bons mois, m'afflige plus que je ne le pensais à présent que Shoto a décidé de séjourner quelque temps dans mon appartement. A présent, j'ai même l'impression de vivre avec lui depuis des mois, j'ai l'impression de revivre un premier amour où l'autre nous manque dès qu'il n'est plus entre nos bras, à me demander ce qu'il fait quand je ne le vois pas, à me demander s'il pense autant à moi que je pense à lui. Mais lorsque j'arrive à mon bureau, largement plus en bordel que la veille, mes songes me paraissent rebutant, je n'arrive pas à considérer qu'à 24 ans je puisse encore penser d'une telle façon, que je me sente encore comme une gamine qui se perd dans ses rêveries.

C'est ainsi que tout en m'installant sur la chaise de mon bureau, je soupire longuement, tout en réprimant un imaginaire qui ne cesse de m'obséder. Ce qui finit, cinq minutes après, par m'énerver. J'aimerais de temps en temps que mes sentiments me foutent la paix, j'aimerais pouvoir me concentrer sur d'autres choses, j'aimerais que ce que j'éprouve ne soit pas toujours tout blanc ou tout noir, j'aimerais être un peu plus comme Ochaco ou Mina, qui vivent leurs histoires d'amour pleinement mais qui pourtant ne semblent pas à l'ouest quand on leurs parle. J'aimerais que quelqu'un m'explique comment concéder cette nouvelle vie avec l'ancienne, j'aimerais qu'on me donne le fameux bouquin sur la vie que personne n'a jamais écrit et qui répondrait avec une extrême clarté à toutes mes interrogations. Mais, à la place, la seule chose qui traverse mon esprit c'est de simplement me laisser tournoyer sur la chaise de bureau de l'agence de Shoto, pour essayer de me vider la tête, pour me préparer à vivre la longue journée de rangement qui m'attend.

« Haha, à ce que je vois, tu ne chaumes pas ! » m'interpelle une voix derrière moi.

Ni une ni deux, je cesse de virevolter sur ma chaise, les mains cramponnées sur les accoudoirs, pendant que mon visage s'empourpre de honte. Je fais alors volte-face à mon interlocuteur et, très embarrassée, je repère aisément les traits riants de Momo en plein centre de l'encadrure de la porte grande ouverte. Quand elle distingue mon visage, elle place lentement sa main sur sa bouche pour rire ouvertement de la scène qu'elle vient d'observer.

« Oh.. euh.. Hum. Salut Momo. Entre, vas-y.

Elle fait donc un pas dans ma direction, ses cheveux noirs attachés gigotant au rythme de ses pas.

-Désolée de venir sans t'avoir prévenu, je t'ai apporté des vêtements larges.

Tout comme Ochaco et Izuku hier, l'héroïne évite les pile de documents qui trainent toujours par terre pour se placer devant mon bureau, ses mains me présentant plusieurs pulls dans lesquels je suis sûre de flotter.

-Oh, c'est très gentil, mais tu n'étais pas obligée tu sais.

Elle finit par déposer les pulls au coin du meuble entre nous avant de s'asseoir sur la chaise qui me fait face.

-Je sais. sourit t-elle. Mais Ochaco m'a expliqué que tu étais sévèrement blessée et je passais justement dans le coin ce matin, alors je me suis dit que je pouvais te faire un petit coucou.

Devant sa gentillesse, que je ne découvre seulement que depuis deux ans, je lui souris également.

-Bah.. Merci beaucoup.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant