Chapitre 79 : Vivre

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« Il faut s'aimer, et puis
Il faut se le dire, et puis
Il faut se l'écrire, et puis
Il faut se baiser sur la bouche,
Sur les yeux et ailleurs. », Victor Hugo.

*****


Après le plus langoureux baiser qu'il m'ait été donné d'avoir, Shoto et moi nous séparons. Quand je revois ses yeux scintillants face aux miens, j'ai un peu de mal à garder la tête froide. Tout mon corps étant encore sous la coupe de son baiser, la chaleur de son toucher, l'odeur enivrante de son parfum mêlée à son odeur corporelle. Au moment où j'expire un long souffle, Shoto esquisse un magnifique sourire pendant que ses mains finissent de me lâcher. Il se retourne alors et commence à redémarrer le moteur du bateau. Tandis que je sens le bateau bouger, je me rassois pour ne pas tomber par-dessus bord.

« Euh.. Shoto, on rentre déjà ?

-Oui, il va pas tarder à pleuvoir.

Quand la fin de sa phrase parvient à mes oreilles, une minuscule goutte tombe sur mon épaule droite.

-Hm, mince.

Il dévie sa tête vers moi.

-On reviendra, je te le promets. »

A sa promesse, je lui souris très joyeusement avant de retourner mon visage sur les arbres illuminés derrière nous, pour en profiter une toute dernière fois. Je les scrute de longues secondes au fur et à mesure que nous nous en éloignons, imprimant dans ma cervelle l'image de ses arbres brillants d'une couleur blanche légèrement jaunie et du joli paysage auquel j'ai eu le droit ce soir.

Arrivés au niveau du quais, Shoto replace soigneusement la corde pour que le bateau ne parte pas à la dérive au milieu du lac et il m'aide, avec une extrême douceur, à sortir pour rejoindre la terre ferme. Quand je sens mes pieds, toujours nus, sur les pilotis en bois, je me dépêche de remettre mes chaussures pour reprendre notre route. Mais lorsque je relève la tête vers le héros face à moi, la pluie s'abat sur nous sans nous laisser le temps de faire quoique ce soit. En une fraction de seconde, l'entièreté de mon corps finit mouiller et je trouve cette situation si inattendue que je finis par en rire. Shoto, pour sa part, enlève sa veste et se colle tout près de moi en la positionnant au-dessus de nous deux.

« Viens, on y va. » me propose t-il.

Sous l'épaisse veste qui nous protège, j'observe le visage de l'homme que j'aime, qui paraît tout aussi trempé que moi et qui, de son fameux air bienveillant, me parle avec une tendresse des plus adorables. Je détaille ses cheveux, qui étaient si bien coiffés, et qui sont à présent lissés par l'eau qui en coule, es gouttes d'eau déferlant de son visage pour venir s'écraser sur sa chemise blanche. Je lève ainsi les bras pour venir chercher les siens et, très lentement, je dégage sa veste de son emprise.

« June, qu'est-ce que tu fais ? s'étonne t-il.

J'attrape ladite veste que je laisse tomber à nos pieds tandis que les prunelles vairons de Shoto s'élargissent d'autant plus au fil des secondes.

-On est déjà tout mouillés, alors embrasse-moi. »

La pluie continue de tomber, de plus en vite, pendant que le fracas des gouttes d'eau fait craqueler le bois à nos pieds. Mais absolument aucun événement autour de nous ne saurait briser ce moment, même pas la pire des tempêtes. Shoto m'attire donc vers lui, les mains fermement posées sur ma taille et lorsque son visage humide s'approche du mien, je ne peux m'empêcher de sourire encore plus. Malgré le moment irréel, où j'ai volontairement décidé de finir trempée, habillée dans une robe que je n'aurai jamais été capable de m'acheter, entourée par les bras de cet homme qui n'a jamais arrêté de faire battre mon cœur, je me sens bien, je me sens même mieux que bien. J'entrevois la simple idée que Shoto a évoqué tout à l'heure ; être heureuse.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant