Chapitre 80 : Insouciance

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« La seule vérité, en fin de compte, c'est de mener une vie passionnée, même si elle se rebelle et vous frappe au visage. », Boris Vian.

*****


Tandis que Shoto est resté dans la salle de bain, je me suis habillée très simplement avec un simple t-shirt que je lui ai gentiment piqué. Je suis ensuite partie fumer dehors, sur sa terrasse couverte, pendant que la pluie a laissé place à une lourdeur dans l'air. J'ai tiré une chaise repliée sur le bord de la table de jardin afin de m'y asseoir et de contempler la magnifique vue que j'ai si souvent pris la peine d'apprécier.

Le paquet sur la table, j'en sors une cigarette que j'insère entre mes lèvres. Je prends mon briquet, qui par chance n'a pas pris l'eau, et j'allume le bout de ma cigarette pour inhaler une première fumée. Je l'expire juste après lentement, scrutant la vapeur qui s'échappe de ma bouche pour s'estomper peu à peu. J'observe les lignes courbés de la fumée qui hypnotisent mes yeux avec volupté.

Bordel, cette vie est si imprévisible parfois. Comment j'aurais pu m'imaginer, qu'il y a un an, je me retrouverai là, assise sur une chaise de la terrasse de Shoto, à fumer, juste après avoir fait l'amour avec lui ? Comment j'aurai pu penser me retrouver à nouveau à l'embrasser, à le toucher, à le voir me sourire comme ça ? Putain, ce monde est dingue.

Soudain, j'entends des bruits de pas réguliers arrivant tout droit dans ma direction. Je tire une latte de ma cigarette, en posant mon pied sur le bord de la chaise. Là, une voix grave retentit dans la pénombre du salon, je me retourne vers le son et j'aperçois Shoto au seuil de la baie vitrée menant à l'extérieur. Il me fixe en silence, un bras placé sur l'encadrure qui nous sépare. Je le vois très nettement habillé d'un short uni, laissant son magnifique torse à ma vue. Il s'approche doucement pour tirer la chaise près de la mienne. Il s'y assoit, les prunelles rivés sur ma silhouette.

« Ca va ? me demande t-il sans détour.

-Oui. J'ai l'air d'aller mal ?

Il replace ses cheveux humides en arrière, laissant apparaître en totalité la cicatrice sur son visage.

-Non. Tu as juste l'air ailleurs.

-C'est le cas.

-Tu veux en parler ?

-Pas vraiment. Enfin c'est surtout qu'il n'y a pas grand chose à en dire.. Je repensais simplement à un an en arrière, quand tout était si différent.

-Et.. Qu'est-ce que tu en penses ?

Je dévie mes yeux vers les siens en reprenant une bouffée.

-Je me dis que la vie est parfois si imprévisible. Tu penses choisir une voie, qu'elle est toute tracée et puis boom, elle vire de bord, presque sans te laisser le choix. Un matin tu te réveilles et le monde autour de toi est totalement différent, tout a évolué. Et au fond ça me ravit autant que ça me fait peur.

-Pourquoi ça te fait peur ?

-Parce que tu n'as pas peur, toi ? Après tout, regarde la vie change, des fois c'est pour le meilleur et des fois pour le pire. Tu n'as pas peur de te réveiller ce fameux matin là en te rendant compte qu'une fois de plus le monde t'a largué ?

Il s'affaisse sur sa chaise, sûrement fatigué de notre soirée.

-Tu parles de notre relation ?

-Oui, enfin, je parle de tout mais surtout de notre relation.

-June, tu as réellement passé trop de temps avec les mauvaises personnes. La vie ne ressemble pas à ça, la vie change, se transforme, c'est vrai, mais tu ne dois pas avoir peur de quoique ce soit. Regarde Deku et Ochaco par exemple, ça fait un moment qu'ils sont ensemble et pourtant tout va relativement bien pour eux.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant