Chapitre 144 : Les blessés

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« Je me suis mis à déconner complètement
Y a quelque chose qui a sauté là dedans
Je.. Je sais pas
Je pense que c'est parce qu'inconsciemment
J'ai eu l'impression de perdre le contrôle
De perdre le contrôle sur toutes les choses dans lesquelles j'étais impliqué
Sur tous les éléments de ma vie
[...] C'est comme être enfermé dans une boîte sans lumière
Dans laquelle le temps s'arrête
C'est comme être dans les limbes en fait »,
paroles de la chanson Requin-Tigre de Fauve.

*****


Ploc.. Ploc.. Ploc.. Ploc.. Ploc..

June ? Réveille-toi. June ? T'as prévu de dormir jusqu'à la fin de ta vie ?

Ploc.. Ploc.. Ploc.. Ploc..

June ? Réveille-toi. June ? Arrête de te déglinguer le cerveau. Tu déconnes là, n'est-ce pas ?

Ploc.. Ploc.. Ploc..

June ? Si tu veux mourir, fais-le au moins correctement. Il te suffit de pas grand chose.. Une corde.. Sauter d'un immeuble.. T'immoler par le feu.. Mais stop, arrête de te conduire comme ça.

Ploc.. Ploc..

June ? Est-ce que tu m'entends, au moins ? Est-ce que t'as la moindre idée de ce que tu nous fais vivre ? Avec toi, c'est toujours pareil. Réveille-toi, June, putain, tu me fatigues..

Ploc..

JUNE ! JUNE, MERDE A LA FIN ! BOUGE-TOI, REVEILLE-TOI !



Le clapotis de l'eau. Un son perpétuel, stagnant, frénétique, semblable à aucun autre. J'ai chaud, tout mon corps bouillonne de l'intérieur. Mes entrailles, mes muscles, mes organes entrent en ébullition. C'est comme si mon corps entier avait pris feu, c'est comme si je m'étais plongée dans une tornade de flammes. J'ai la peau qui brûle, j'ai les extrémités de mes doigts et de mes orteils qui fondent sur place. Mais au fond, ça ne fait pas mal. Je me sens comme sur un petit nuage en plein milieu de l'éruption d'un volcan. Il fait chaud mais ce n'est pas désagréable, c'est même plutôt confortable. Et puis, il y a ce bruit, ce clapotis de l'eau. C'est doux, c'est réconfortant, ça me donne envie d'ouvrir les paupières pour découvrir où je me trouve.

C'est donc ce que je m'emplois à faire. J'écarte les paupières, difficilement, avec épuisement, et je repère facilement le plafond de mon salon. Bien que je m'étais déjà préparée à me faire éblouir, je me surprends à ce que mes pupilles s'adaptent aisément à la petite lueur provenant des fenêtres de mon appartement. Tout est gris, plus gris que d'habitude. Et encore une fois, il fait si chaud.

Euh.. mais.. Comment j'ai fait pour rentrer chez moi ? La dernière chose dont je me souviens c'est d'être couchée dans le cimetière de mon frère.. Il neigeait, il y avait un incendie en ville.. Et..

Soudain, je lève mes deux mains vers mon visage. J'écarquille instantanément les yeux en les voyant. Elles sont noires, jusqu'au bout des ongles, elles sont pleines de suie. Tout de suite après cette découverte, je me redresse sur mon canapé, là où j'ai dormi une partie de la nuit. Et un spectacle encore plus surprenant s'offre à mes yeux. Mon appartement, qui d'habitude est plutôt rangé, est dans un état des plus déplorables. Entre les traces noires de suie sur le parquet, des gouttes de sang disposées un peu partout, les tâches d'alcool séché et de cendres, on dirait qu'un ouragan est passé par là. A terre, sur mon tapis bon à jeter, non-loin de mes pieds nus, je trouve des photos éparpillées n'importe comment. Je relève donc le menton vers ma table basse, où trône des bandes usagées ainsi qu'une grande bouteille de tequila vide et le cendrier, qui traîne généralement sur mon balcon, rempli à ras bord de mégots à peine entamés.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant