Chapitre 139 : ..Amour ?

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[we fell in love in october - girl in red]
« L'amour, c'est comme du mercure dans la main. Garde-la ouverte, il te restera dans la paume ; resserre ton étreinte, il te filera entre les doigts. », Dorothy Parker.

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Un bon moment plus tard, je n'ai pas bougé de la porte contre laquelle je m'étais assise. Entre temps, j'ai été contactée par le centre antipoison qui m'a annoncé qu'après plusieurs heures de vérifications, Katsuki est en mesure de sortir à partir de demain et que je pourrais le chercher à ce moment là. Et même si la nouvelle m'a remis du baume au cœur, je n'ai pas cessé de me sentir mal, surtout pour Shoto. J'ai l'impression que quoique je décide, mes vieilles habitudes reprennent facilement le pas. J'aimerais pourtant être cette autre personne, qui sait se tenir, qui n'est pas affublée en permanence de ses démons, qui ne voit pas sa relation amoureuse comme la part la plus compliquée de son existence. Mais ce n'est pas moi. Ca n'a jamais été moi. J'ai toujours été une bombe à retardement qui adore exploser. J'ai du mal à me stabiliser, à me tenir dans un sens précis et m'y restreindre. Je suis constamment sujette au changement, à tout remettre en question, je suis partagée entre faire ce qui semble logique et rationnelle et simplement me laisser emporter par le moment.

Finalement, je n'ai peut-être pas tant grandi que ça. Finalement, peut-être que ma vie sera toujours déséquilibrée et tourmentée, peut-être que je devrais accepter que la vie ne ressemble jamais à ce qu'on s'en est imaginé. Ou peut-être que je devrais chercher plus de volonté au fond de mes entrailles pour pouvoir avancer..

A cet instant précis, en réfléchissant encore à comment me comporter, je me relève enfin. J'ai mal au dos, mon corps est totalement engourdi. Cependant, j'essaye de ne pas y faire attention pour simplement enfiler des vêtements propres et me préparer à aller au boulot. Un peu après, quand je ressors enfin de ma chambre, je découvre un salon vide, la table de la salle à manger est débarrassée, il n'y a plus une seule trace de Shoto chez moi.

June, à quoi tu t'attendais, hein ? Bien sûr qu'il est déjà parti. Il a un travail, il a des responsabilités, ce n'est pas quelqu'un qui peut attendre que tu sois enfin prête à lui parler. Tu n'es pas le nombril du monde, ma grande.

En refoulant ses horribles pensées, je pousse un long soupire qui empire encore quand je vois l'heure sur mon téléphone. Je me dépêche alors de prendre mes affaires et de quitter moi aussi cet appartement pour rejoindre l'agence du héros aux cheveux bicolores. Pendant le trajet, habillée chaudement pour la saison qui se refroidit un peu plus chaque jour, j'ai l'impression que le monde s'est encore une fois retourné contre moi. Je vois des personnes tout autour de moi, je suis au milieu d'une foule qui marche pour certain dans mon sens et pour d'autre dans le sens inverse. Tout le monde me paraît si calme, si heureux, je me sens comme la seule perdue, la seule qui ne doit jamais rien comprendre à ses sentiments, la seule qui envie les autres de pouvoir se tenir la main, de rire, de sembler si sereins. Et j'ai honte de ressentir ça. Je n'arrive plus qu'à me dire que j'avais juste à me contenir, à être moins expressive, pour éviter que tout s'envenime encore.

Shibuya passé, j'entrevois enfin l'agence de Shoto pointer le bout de son nez, en plein milieu d'une rue toujours très agitée en matinée. Et pour une fois, je n'ai plus l'envie d'y aller, je n'ai pas envie de passer les portes pour me sentir encore plus mal à l'aise, pour encore une fois ne pas réussir à calmer des fantasmes atroces quand je le verrais. Seulement, je me remémore bien vite les raisons qui font que je travaille pendant quelques jours là-bas, de la monstrueuse masse de boulot que j'ai à finir, des attentes de Katsuki quand il sera en état de reprendre son agence. Je ne peux donc pas me résoudre à faire demi-tour, à me conduire comme la lâche que je suis. Je passe ainsi la porte d'entrée de l'agence, tout comme les deux derniers jours, pour reconnaître la femme à l'accueil qui me sourit toujours aussi chaleureusement en me voyant.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant