Chapitre 103 : Séquelles

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[Goner - Twenty One Pilots]
« Ainsi s'écoule toute la vie. On cherche le repos en combattant quelques obstacles ; et si on les a surmontés, le repos devient insupportable. », Blaise Pascal.

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Une blancheur épurée. Je rouvre les yeux au centre d'une gare presque céleste, assise à même le sol. Tout est si clair : les colonnes entourées de lierres, les allées qui semblent mener au paradis, le silence aussi sage que serein. Je commence à me relever, pour remarquer que mes mains ne sont même pas averties de la froideur du carrelage parfaitement posé. J'arrive aisément à être debout, comme si toutes mes douleurs et mes cicatrices avaient dès à présent disparus.

Mais.. Je suis où ?

Je me mets à marcher, dans une direction au hasard, pour sentir à chaque pas que je fais une sensation de légèreté. Marcher n'a jamais été aussi attrayant, aussi appréciable de toute mon existence. Alors je fais des pas plus rapides, contaminée par le bonheur de ce moment si apaisant.

« Dis.. T'as prévu de courir encore combien de temps comme une gosse ? »

Instantanément, je fais volte-face vers la voix qui se fond impeccablement avec le reste du décor. Je constate ainsi mon frère, November, habillé de la tête aux pieds en blanc. En me voyant aussi stupéfaite, il s'approche lentement tandis qu'un train, aussi léger et silencieux que le reste, roule en direction d'un quais. Mon frère finit par arriver à ma hauteur pendant que la locomotive dégage une fumée immaculée de toutes couleurs et de toute noirceur. Je plonge soudain mes yeux dans ceux de mon frère, observant ses traits si angéliques et si lisses que j'ai l'impression que sa peau est composée de morceaux de nuages.

«Si tu es là.. Ca veut dire que je suis morte, moi aussi ?

Il rigole gentiment tout en posant sa main sur mon épaule.

-Tu penses vraiment que la mort ressemblerait à ça, June ?

-Je ne te connaissais pas aussi philosophe.

Il plisse légèrement les yeux en secouant la tête. Ses cheveux bruns et bouclés bougent alors un peu, sans suivre une symbiose logique, comme des ressorts.

-Il faut dire que depuis le temps, j'ai pu réfléchir à tout un tas de choses.. Et si on marchait un peu ?

Il enlève sa main pour me passer devant, marchant tout droit dans une allée sans fond, marquée au loin par une lumière éclatante et aveuglante. Je l'imite donc, en profitant du fait de pouvoir marcher avec lui, comme avant.

-Si je ne suis pas morte.. Et si ce lieu n'est ni le paradis ou l'enfer.. Où sommes-nous ?

-Tu poses toujours autant de questions, petite sœur.. Mais je ne suis pas en mesure d'y répondre.

Je soupire de tout mon être.

-Alors quoi ? Que suis-je supposée faire sans connaître un millième de ce qui m'entoure ?

-Marcher avec moi, June. sourit t-il.

-Et c'est tout ?

Mon frère s'arrête, reposant son pied gauche avec grande élégance.

-Tu sais, tu es d'une nature aussi exaspérante que fatigante. Et il est grand temps pour toi d'apprendre que plusieurs milliers de choses t'échapperont toujours. Pourquoi chercher à comprendre alors qu'il te suffirait simplement de profiter ? Pourquoi as-tu ce besoin obsessionnel de découverte alors qu'aucune réponse n'est à ta portée ? Pourquoi ne veux tu pas juste vivre, June ?

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant