Chapitre 121 : Le temps

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« Le temps, il le sait désormais, ne guérit rien. Le temps n'est qu'une fenêtre par laquelle on peut voir ses erreurs, car ce sont semble-t-il les seules choses dont on se souvient clairement. », Guillaume Musso.

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Deux jours après la journée de dimanche, qui a été une succession graduelle de fiasco, je me réveille en sursaut par ce même cauchemar qui hante toutes mes nuits. Je me vois clairement chaque nuit dans un endroit couvert de monde, peut-être un marché. Je m'imagine me balader dans les allées, me faire pousser par des gens, me retenir de justesse pour ne pas tomber. Puis vient ce moment précis où un inconnu, à la chair aussi blanche qu'une colombe, me propose un jeu. Il me promet que si je gagne toute la douleur que j'ai vécu disparaîtra et que je trouverai enfin la solution de tous mes problèmes. Alors j'accepte, à chaque fois. Cependant, le jeu se transforme rapidement en un épouvantable moment quand l'homme sort de l'intérieur de sa veste un revolver. De son sourire abjecte, de ses yeux sournois, il inspecte l'arme, qui me rappelle étrangement celle que m'avait donné Ryusuke. Et quand il ouvre le barillet, pour en ressortir cinq balles sur six, je sais déjà qu'il est trop tard. J'essaye donc de fuir, parce que les chances de mourir sont trop grandes, mais l'homme me retient, il me dit que je dois accepter son jeu jusqu'au bout et que la seule chose que j'ai à faire c'est d'attendre que le sort décide pour moi. Je le laisse donc pointer l'arme vers moi pendant que je regrette amèrement de lui avoir dit oui. J'entends ainsi le bruit de la foule autour de moi, les cris des enfants joyeux, les conversations monotones des passants, le vent souffler de manière particulièrement bruyante, mais personne ne viendra m'aider. L'homme face à moi pose son doigt sur la gâchette et juste avant que le coup ne parte, je l'écoute me dire absolument à chaque fois : "Mademoiselle Mastura, félicitations, vous avez gagné". C'est alors qu'un coup de feu retentit, un bruit assourdissant, qui pourfend l'air à une vitesse incroyable, et je me rends compte que je viens de me prendre la seule balle restante dans l'arme.

Et comme à chaque fois que ce cauchemar me tire de mon sommeil, je crève d'un mal de tête effroyable. C'est de cette manière là que je sors alors de mon lit, en ce mercredi matin, les idées vagues, le souffle court et surtout la cervelle bouillonnante de douleur. En pyjama, les pieds nus sur le parquet flottant de mon logement, je quitte ma chambre pour retrouver la cuisine et surtout un anti-douleur bien mérité. C'est alors qu'au moment où j'avale le comprimé à l'aide d'un grand verre d'eau, j'entends la sonnette m'interpeller. Bien que je suis surprise par le bruit, ce qui me surprend certainement le plus c'est que, depuis dimanche, j'ai flotté dans une solitude plus que bienvenue. Que ce soit Izuku ou Ochaco, Katsuki ou encore ses invités de dimanche, personne n'est venu m'adresser la parole et j'en ai fait exactement de même. Peut-être est-ce due à toute cette cacophonie mais le fait qu'absolument tout le monde choisisse de me laisser respirer, pour une fois, est finalement la plus grande preuve de respect qu'ils pouvaient me faire.

Tout en courant jusqu'à ma porte d'entrée, je tourne la clé toujours insérée dans la serrure pour ouvrir le battant et y découvrir qui s'y cache derrière. Là, c'est le visage maigri et ridé de Toshinori que je reconnais, avec ses yeux creusés à l'extrême et noircis en leurs contours, sa chevelure blonde qui tire plus sur le jaune, mais surtout le petit sourire réconfortant qu'il me lance. Je le reluque de la tête aux pieds, surprise de sa venue inattendue et je guette facilement ses vêtements toujours un peu trop grands pour lui, qui cachent parfaitement le petit sac en plastique dans son dos.

« Toshinori ? Je.. Je ne t'attendais pas.

-Je sais. J'avais envie de te faire une surprise, mais peut-être que je te dérange.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant