Chapitre 108 : Voyage

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« Le seul, le vrai, l'unique voyage c'est de changer de regard. », Marcel Proust.

*****


Barbotant dans l'eau de mon bain, le visage décomposé après l'une de ces longues nuits de patrouille, je profite d'un peu de douceur et surtout de la chaleur qui se dégage de l'eau et qui répare lentement mes muscles exténués. Ecoutant le frétillement des gouttes du robinet ouvert, j'entends un son repérable entre mille, celui de la sonnerie de mon téléphone, préalablement posé sur le rebord de la baignoire, non loin du mur. Je roule plusieurs fois des yeux, en soupirant, avant d'attraper ma serviette pour me réessuyer la main afin d'enfin pouvoir attraper mon portable qui me casse déjà les oreilles. En main, j'aperçois aisément le prénom de Katsuki sur la fiche de l'appel entrant et c'est un râlement de frustration qui s'échappe de ma bouche quand je décide de lui répondre :

« Quoi ?

-Comment ça, quoi ? T'as perdu la mémoire ou quoi ? Tu sais qu'on doit être à l'aéroport dans une heure ?! enrage t-il.

Je scrute en silence le bout de mon genou brûlé, ressortant à peine de la surface de l'eau.

-Je croyais que t'en avais rien à foutre des fiançailles d'Izuku et Ochaco ? je le nargue.

-Tu sais très bien que j'en ai rien à carrer ! C'est juste que l'idée d'enfin avoir une petite semaine de vacances tout frais payé par Deku, ça me réjouit.

Je laisse tomber ma tête en arrière, la calant contre la paroi de la baignoire.

-T'as un grain, tu le sais ça ?

-La ferme et bouge-toi. Hors de question que j'arrive en retard et que je loupe mon avion !

Oh bordel, qu'est-ce qu'il peut être pellant.

-Oui bah c'est bon, tu peux bien me foutre la paix cinq minutes, la nuit a été longue.

-Tu dormiras dans l'avion, profite un peu de tes premières vraies vacances.

Ca n'existe pas les "vraies vacances" avec toi.

-C'est ça.. Bon, je peux finir de prendre mon bain ?

J'entends un petit juron sortir de sa bouche.

-Rassure-moi, ta valise est faite, hein ?

-Oui, monseigneur, je l'ai faite hier. Bref, je raccroche. On se retrouve dans trente minutes devant ma voiture, à plus tard.

-Tss, sois à l'heure sinon je..

-Blablabla, je raccroche, blondi. »

N'ayant déjà plus la force de continuer cette conversation totalement inutile, j'appuie donc sur la touche rouge permettant de mettre fin à cet appel très indésirable. Je repose juste après mon téléphone sur le sol de ma salle de bain, pour prendre encore quelques minutes où je peux tenter de respirer. Je finis d'ailleurs par refermer le robinet qui me fait face, considérant qu'il y a déjà suffisamment d'eau dans ma baignoire. Je lève ainsi les yeux vers le plafond, soudainement éprise d'un mélange bizarre de sensations, en étant baignée par cet amas d'eau qui me calme les nerfs.

Dire qu'Izuku et Ochaco vont se marier dans quelques mois.. Dire qu'ils vont se dire "oui" pour la vie.. Je ne sais vraiment pas comment ils font, même si je suis très heureuse pour eux.

Trente minutes plus tard, habillée confortablement, je retrouve donc mon ami blondinet devant ma voiture, comme je lui ai spécifié. Tirant ma valise jusqu'à la place qui est attribuée à mon appartement, je reconnais Katsuki, toujours fidèle à lui-même, une grosse valise à sa droite. Quand il m'aperçoit, il laisse échapper un petit bruit d'agacement. A sa hauteur, je déverrouille ma voiture, qui m'a coûté un bras mais que m'avait largement conseillé Katsuki, pour ouvrir le coffre pendant que le blond m'observe en silence, très sidéré par mon accoutrement.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant