Chapitre 120 : Les maux

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« S'il suffisait d'aimer,
les choses seraient trop simples. », Albert Camus

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Shoto, tu sais, s'il y a bien un truc chez toi qui m'a toujours intrigué, c'est bien ce défaut cruellement malsain où tu gardes ta satanée bouche fermée, que tu laisses passer des jours, ou des mois et parfois des années avant de dire la vérité. Est-ce que tu as conscience que ce défaut est aussi bien néfaste pour les autres que pour toi ? Pourquoi cherches-tu toujours à attendre ? Pourquoi te laisses-tu prendre par la calamité d'affronter la vérité ? Shoto, pourquoi n'es tu pas venu me parler dès le début ?

« Madame, vous réglerez comment ?

-Hm. Ah.. euh oui, par carte. »

Pendant que je rabaisse les yeux vers le grand pack de bière, que je suis partie acheter dans une supérette à deux pâtés de maison de mon appartement, j'essaye de me vider la tête face à un caissier à l'allure particulièrement grossière. Il tape, à l'aide de ses gros doigts, le montant de mon achat sur la borne de paiement, en me lançant des coups d'œil si peu discret que j'en ai le tournis.

« Dîtes, vous êtes sûre d'avoir l'âge légal pour acheter ces bières ? me lance t-il, pas convaincu.

J'insère ma carte pour payer, avant de taper mon code en ne relevant même pas les yeux dans sa direction.

-Pfiouh, c'est la première fois qu'on me l'a fait, celle-là.

Il recule de quelques centimètres, légèrement offusqué. La borne affiche alors que le paiement est accepté et je retire ma carte sans attendre.

-Je vais devoir vous demander une pièce d'identité avant de vous laisser repartir. »

Quel connard de petit con celui-là.

Devant son ton très autoritaire, je range mon portefeuille dans mon sac avant d'abaisser mon masque, que je prends toujours soin de mettre avant de sortir, ces derniers temps. Là, le caissier me dévisage longuement, les yeux largement arrondis quand il me reconnaît.

« Oh ! Je suis désolé, mademoiselle Matsura.. Avec votre masque et votre capuche, je ne vous avais pas reconnu. Veuillez me pardonner !

J'agrippe fermement mon pack de bières, que je porte finalement à bout de bras, en haussant les épaules.

-Ce n'est rien. Mais à l'avenir, quand vous vous demanderez si la personne qui veut acheter de l'alcool a l'âge requis, commencez par lui demander son âge avant de la faire payer.

-Oui, je.. Je vous remercie de votre conseil ! sourit t-il. J'espère vous revoir très bientôt dans notre magasin, au revoir. »

Je lui jette un regard noir avant de détourner les talons, très agacée de cet échange et surtout de la docilité qu'a fait preuve le caissier quand il a découvert mon identité. C'est donc de plus en plus irritée que je quitte le magasin, en repositionnant correctement mon masque sur mon nez, pour retrouver l'extérieur pluvieux et grisâtre de saison. Quand une première goutte clapote ma capuche, j'accélère le pas pour rejoindre l'appartement de Katsuki, qui doit m'attendre de pied ferme. C'était sans compter sur ma malchance, qui me fait marcher à deux reprises dans une flaque d'eau, qui finit de s'aborder mon humeur aussi glaciale que le vent qui souffle.

C'est de cette manière là que je rentre dans mon immeuble, et que je remonte pas à pas les dizaines de marches qui me séparent de l'appartement du blond. Et jusqu'à ce que j'arrive à sa porte, je tente d'intervertir mes idées en énergie pour me donner le courage de ne pas annuler la soirée qui m'attend. Finalement, je toque à la porte et c'est un héros fringant et plein de vitalité qui vient m'ouvrir, avant que ses sourcils clairs se baissent en me reconnaissant.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant