Chapitre 99 : Clap de fin

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« Viens, viens, ô mort !
Allonge-moi sous un triste cyprès.
Envole-toi, envole-toi, ô mon âme.
Une beauté cruelle m'assassine.
Qu'on prépare mon blanc linceul décoré d'if.
J'aurai vraiment tenu mon rôle.
Dans la scène de la mort. », William Shakespeare.

*****


Samedi.
Douze heures avant le débat.

J'expire fort.

J'ai la tête dans le brouillard, putain..

C'est dans la maison de Shoto, et plus particulièrement dans son lit que je me réveille, aussi crevée que si je n'avais pas dormi. Les paupières difficilement ouvertes, un halo chaleureux apparaît devant mes pupilles dilatées. Je m'étire longuement, en bruissant les draps sur moi. Puis, je me tourne sur le côté, détaillant la singularité du héros, toujours plongé dans les bras de Morphée. Ses cheveux rouges tombant sur la partie droite de son visage, je constate sa cicatrice, aux marques tracées. Je touche les bords de sa peau, sur la partie non tâchée, le faisant légèrement bouger les cils.

« June ? Il est quelle heure ? »

Haussant la paupière de son œil bleu, il m'offre la chance de distinguer le contraste de son iris bleuté avec le contour de sa peau rougie. J'esquisse en retour un petit sourire, me réjouissant de passer ce dernier matin en sa compagnie.

« Je ne sais pas, je viens à peine de me réveiller.

Il expire longuement, rapprochant sa main de ses cheveux pour les replacer.

-Tu es stressée ? Pour ce soir, je veux dire.

-Enormément.

Je le sens se décaler vers moi, caressant dans un geste subtil ma joue à sa portée.

-Ne le sois pas. Fais juste ce débat et après je te promets de longues et nombreuses années de bonheur à mes côtés. On laissera Justice, le parti, les héros, les vilains, tout le monde, derrière nous.

A y réfléchir, je sais que ses mots sont tout ce qu'il y a de plus authentiques, mais ce sont finalement les plus douloureux de tous.

-Je.. Je sais. Et j'ai hâte.

Une joie, proche de l'exaltation, éclaire ses traits.

-Moi aussi, June. »

L'insoutenable douleur qui poignarde mon cœur me fait, dans un mouvement presque primitif, l'enlacer terriblement fort en plaquant ma main sur l'arrière de sa tête. Au petit son qui s'échappe de ses lèvres, je le sens assez surpris, ce qui me fait le serrer contre moi encore d'avantage, humant son odeur en ancrant précieusement ce dernier moment en moi.

« Eh, June, ne t'en fais, d'accord ? Je serais tout près de toi ce soir, je le serais même tout le restant de ma vie.

Si tout était toujours aussi simple que des mots..

Enroulant également ses bras contre moi, sa tête se pose légèrement plus haut que la mienne.

-Dis.. Dis-moi, qu'est-ce qui t'as fait te décider ? Après tout, je suis certaine que quand tu l'as appris tu..

-Tu sais, June, me coupe t-il, je pourrais te faire croire qu'il n'y a que mes sentiments qui m'ont guidé vers ce choix. Mais ça ne serait pas être totalement honnête. En vérité, lorsque j'ai ouvert ce tiroir et que j'ai entendu Justice désigner le nom de Yumi Maeda, j'ai été terrifié. Je me demandais un peu bêtement ce que je n'avais pas vu, ce que j'aurais pu faire pour t'empêcher.. Je me voyais déjà venir chez toi, en te hurlant dessus. Et après, j'ai longuement repensé à tout ce que tu m'as dit, toutes les fois où tu semblais aussi bouleversée ne pas être vraiment toi. Et c'est là que j'ai compris la souffrance que tu subis, et dont je suis en grande partie responsable. J'ai compris qu'au final, te hurler dessus, te détester, t'en vouloir, ne servirait à rien parce qu'on ne peut panser un cœur qu'avec de l'amour. Et c'est, selon moi, la seule et unique solution pour mettre un terme à tout ce chaos.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant