Chapitre 131 : Born to die

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« Elle aimait avec d'autant plus de passion qu'elle aimait avec ignorance. Elle ne savait pas si cela est bon ou mauvais, utile ou dangereux, nécessaire ou mortel, éternel ou passager, permis ou prohibé ; elle aimait. », Victor Hugo.

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Le téléphone sur mon oreille, les bips de la sonnerie de Katsuki bourdonnant dans le cerveau, j'avance vite dans les couloirs de Yuei, je passe les portes une à une, j'entends le son de nos pas sur le sol du lycée. Je cherche désespérément. Je cherche dans les salles vides. J'écoute la voix grave de Shoto me prévenir encore une fois que le blond n'est pas là. Et pendant près d'une heure, Shoto et moi parcourons lese bâtiment principal pour finalement arriver à la conclusion que le blond ne s'y trouve pas. Avec la permission de Deku, nous partons alors en direction de la forêt qui englobe l'enceinte du lycée, la zone la plus vaste mais la zone où nous avons peut-être le plus de chance de le retrouver. Et cela dure encore un bon moment sans que nous trouvions la moindre trace. Jusqu'à ce que, sur l'écorce d'un arbre, je reconnaisse une tâche de sang si anodine qu'on pourrait, à même le tronc marron foncé, passer à côté un nombre incalculable de fois. Là, devant ce constat terrifiant, mon sang se glace dans mes veines. Je sais qu'il est arrivé quelque chose. Je sais que Katsuki et Aya se sont trouvés. Pendant que Shoto se propose de prévenir Deku, j'utilise mon alter et rapidement je vois une multitude de gouttes de sang écrasées sur la terre, sur les brins d'herbe, autour des nombreux arbres qui jonchent le chemin. Puis un peu plus loin, en retrait au milieu de la forêt, je vois des formes, elles sont plusieurs, au moins trois, une me paraît blessée.

La colère remonte en moi, je la sens s'enfouir au fond de mon ventre, je la sens imprégner mes muscles, je la sens se déployer dans mon sang. Une seconde plus tard, je sais déjà qu'il est trop tard. J'ai déjà laissé Shoto tout seul pour foncer jusqu'aux trois formes que j'ai aperçu. Mes pieds foulent à peine le sol, je file tout droit en esquivant les quelques arbres qui me barrent la route, je n'entends que le sifflement du vent passer contre mes oreilles. C'est là que je les vois enfin apparaître nettement dans mon champ de vision. Katsuki est bien la personne blessée, il se bat contre un homme que je n'ai jamais vu, à l'apparence aussi bestiale que son aura. Derrière eux, en première ligne, je retrouve Aya, qui a troqué son fidèle uniforme d'assistante et ses cheveux impeccablement relevés pour un sweat à capuche noir. Ni une ni deux, je fonce vers elle et sans trop de difficulté, je lui empoigne la gorge, les veines de ma main pulsant à toute vitesse. Aya qui ne devait certainement pas s'attendre à être dérangée à cet instant écarquille les yeux en croisant mon regard pendant qu'à présent la voix assourdissante du blond me crie de chercher de l'aide. Mais je n'écoute pas. Je ne comprends pas pourquoi il a tant de mal à les arrêter, lui le numéro trois. Je me tourne alors machinalement vers mon ami, qui continue d'hurler et la scène qui traverse mes rétines me semble surréaliste.

Katsuki est gravement blessé à plusieurs endroit, il est à terre, il saigne beaucoup. Avec ses pupilles rouges, il me supplie du regard, je l'écoute crier mon nom. Je lève ainsi les yeux vers la personne entre nous, vers cet homme qui fait enfin volte-face vers moi. Sur le coup, je reste bouche bée, il n'a ni l'apparence d'un homme ni les traits. Il ressemble à un monstre avec son visage déformé, comme s'il était infecté par un poison qui le ramenait à son état le plus primaire, seules quelques unes de ses mèches blondes sont restées intactes. L'homme se met alors à sourire et quand sa bouche laisse apparaître ses dents, je vois des dents à la forme pointue, comme Eijiro, couronnée de magnifiques tâches de sang. J'élargis d'autant plus les yeux, en comprenant petit à petit ce qui est arrivé.

« Tu apprécies mon œuvre, June ? » me demande gentiment Aya.

Ton.. œuvre ?

Je pivote ma tête vers elle tout en voyant pour la première fois son vrai visage. Ses yeux habituellement sérieux sont plissés dans un sens rieur, sa bouche généralement neutre me lance un sourire narquois. Mais le pire c'est peut-être cette expression diabolique et satisfaite, qui se languit longuement de mon état surpris. Je resserre violemment mon étreinte sur sa gorge, à deux doigts de lui tordre le cou. Tout en toussotant et en lambinant de douleur, Aya relève son index dans ma direction. Un index à la forme d'une pique, qui n'a plus du tout d'aspect humanoïde.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant