Chapitre 90 : Flancher

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« L'amour qui nous poursuit parfois nous importune
Mais nous le remercions toujours parce que c'est de l'amour. », William Shakespeare.

*****


Le dos de ma main, j'en observe les petits débris de miroir qui ont tranché ma chair à vif, mon sang s'agglutinant au bord des plaies pour venir doucement glisser tout le long de mon épiderme. Même si je pensais avoir mal, au final, aucune douleur n'est suffisamment intense pour que je ressente avec certitude la souffrance causée par mon impulsivité. Exaspérée par mon comportement, je ramasse peu à peu les bouts éparpillés tout autour de l'évier pour les jeter dans la poubelle juste en-dessous, essayant de ne pas me blesser d'avantage. J'attrape ensuite du papier toilette et j'en enroule ma main pour ne plus avoir l'opportunité de scruter mes plaies sanguinolentes. Je quitte donc les toilettes comme ça, à la recherche d'un kit de soin. Je commence donc à m'agiter, ressentant enfin un dixième de la douleur qui envahit mes nerfs. Je passe ainsi devant la porte grande ouverte de la salle de réunion et Shoto ne tarde pas à m'interpeller pour que je m'arrête :

« Tu t'es faite quoi à la main ?

Peut-être qu'il y a un sorcier dans une vie antérieure qui m'a maudit, ça expliquerait tout.

-Rien de grave, ne t'inquiètes pas.

En un instant, Shoto apparait de l'encadrure de la porte et vient à mon niveau pour fixer le sang qui a déjà bien imbibé le papier toilette sur ma main.

-Tu t'es bagarrée avec la chasse d'eau ? me taquine t-il en agrippant mon poignet.

J'hausse les yeux vers le ciel en me retenant de trouver sa remarque drôle.

-Non, c'est le miroir. Ce connard n'a pas arrêté de mal me regarder. »

En retour, le héros me lance des yeux plutôt amusés avant de me faire entrer dans la salle de réunion, toujours vide. Il m'invite à m'asseoir tandis qu'il commence à fouiller à l'intérieur d'un caisson à plusieurs tiroirs. J'entends donc quelques fois les rails se faire tirer et pousser avant que Shoto ne fasse volte-face vers moi, un kit de secours à la main. Il s'installe sur la chaise à côté de la mienne pour poser ma main ensanglantée sur le plateau de la grande table.

« Je vais le faire, c'est bon. » je l'informe avec la plus grande neutralité.

Shoto me jette un coup d'œil avant de s'atteler à ouvrir le kit, d'où il en sort une série de compresses, du scotch poreux, des ciseaux, de l'antiseptique et surtout une pince. Il enlève ensuite le papier toilette qui embaume ma blessure, la pince en main, tout en regardant ma main qui paraît tout de suite bien plus imposante quand elle est pleine de sang. Shoto essuie alors avec finesse le trop plein de sang pour commencer à déloger les débris un à un. Je sursaute un peu par moment, en gémissant de souffrance, pendant que l'homme en face de moi reste totalement concentré sur ce qu'il fait.

Cinq minutes plus tard, ma plaie bandée, il se relève pour nettoyer à la fois ses mains et la table devenue toute rouge. Durant ce temps là, je reste assise à ma place, très embêtée que c'est lui qui est encore fois venu m'aider, comme toujours finalement. Dès qu'il revient s'asseoir à mes côtés, le regard rivé sur mon visage, je soupire de faiblesse. Shoto ne tarde donc pas à prendre ma main blessée avec la sienne pour y déposer un petit baiser, en plein milieu du pansement.

« Qu'est-ce que tu fais ? je l'interroge, dubitative.

-Ca se voit pas ? Je te donne un bisous magique pour que ça guérisse plus vite.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant