Chapitre 118 : L'important

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« Ne t'égare pas dans la mélancolie.. Souviens-toi du bonheur. Un jour tu sauras toi aussi consigner les minutes heureuses. », André Hardellet.

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Je me fais sortir des bras de Morphée, le lendemain matin, par l'incommensurable bruit au dehors de notre tente, par à la fois le vertigineux son de la forêt qui s'agite, mais aussi par le chuchotement discret des personnes non-loin de nous. Je m'étire longuement pour remarquer la manche du gilet que je porte, et qui me remémore les souvenirs de la veille, en compagnie de Shoto. Je me pivote discrètement dans l'autre sens et c'est là que, tranquillement allongé dans sa couchette, je reconnais le visage sommeillant du héros aux cheveux bicolores, qui semble enfin pleinement apaisé. A cette vue, je ne peux m'empêcher de l'observer plus précisément, afin de savourer cet instant si particulier, où c'est moi qui l'observe, où c'est aussi moi qui a la chance d'admirer son côté le plus vulnérable. Je remonte alors le col de mon gilet et par réflexe, je le place sur le haut de mon nez, comme le font souvent les enfants. Sous l'influence de ma timidité naissante, je soulève ma main et je commence à lui caresser les cheveux, en les dégageant doucement de son oreille. En retour, sa tête bouge légèrement mais pas suffisamment pour le réveiller. Je continue donc à le toucher, à décaler mèches après mèches, à profiter de l'étendu de sa beauté qu'il ne doit même pas avoir conscience. Et lorsque mon index arrive aux rebords de sa mâchoire, je m'arrête, guidée par mon cerveau qui me propose tout un tas d'idées en supplément.

Mais qu'est-ce que je fous ? Je devrais pas le toucher comme ça quand il dort, je ne suis pas sa.. Stop, June, met le holà tout de suite, cette idée n'a pas le droit de traverser ton esprit. Tu veux que je te rappelle ce qu'il s'est passé la dernière fois ? Tu n'en as pas assez de profiter de quelques secondes de bonheur pour des années de malheur ? Et si tu oses me répondre quelque chose du genre "il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis", je te dirai que dans ta situation, te protéger est ce qu'il y a de plus intelligent.

C'est ainsi qu'avec ma motivation nouvelle, dictée par mes pensées auxquelles je ne peux donner tort, je retire ma main de son visage et je me redresse, en emportant avec moi mes affaires, afin de sortir cette foutue tente. Dehors, mon attention se tourne immédiatement vers le ciel encore plus gris que la veille, qui ne présage généralement rien de bon, mais surtout de l'affreux froid ambiant, qui dénote énormément avec la chaleur dans la tente. A ce constat, je souffle profondément en me remettant debout, pour rejoindre la seule personne présente autour du feu de camp éteint, c'est-à-dire Natsuo, qui tire une mine si fatiguée que je suis obligée de me retenir de rire en m'asseyant à ses côtés.

« Salut.

-Oh, salut June. Tu te réveilles tôt.

Je lui lance un sourire cordial en posant mon sac à dos au niveau de mes chaussures, à même l'herbe.

-Hm, c'est vrai qu'avec le boucan que vous avez fait hier soir, je devrais encore dormir un peu.

Le grand frère de Shoto se gratte bruyamment la tête, dont ses cheveux blancs sont totalement retombés après sa nuit.

-Haha oui, désolé. C'est vrai qu'on a légèrement abusé.

Légèrement ?! Je ne suis pas sûre que Bambi et Panpan soient du même avis, connard !

-Ouais, bref, heureusement quand même que Shoto s'est porté volontaire pour vous calmer.

Le médecin me lance un regard plus intense pendant que je fourre mes deux mains dans les poches de mon gilet.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant