Chapitre 137 : A comme..

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« Il semble qu'il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu'on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté. », Milan Kundera.

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Sur le chemin pour rentrer à mon appart, Shoto en profite pour passer à une supérette, où il revient les bras chargés de deux gros sacs. Dès qu'il rejoint le siège conducteur et qu'il redémarre pour nous amener jusqu'au centre-ville, je commence à le questionner avec grande curiosité au sujet de ce qu'il a bien pu acheter pendant que je suis restée dans sa voiture à sa demande :

« Dis.. Il y a quoi dans les sacs que t'a ramené ?

Son regard fixé sur la route, il éclate de rire. J'en profite pour contempler la joie trahie par chacun des traits que compte son visage.

-Tu ne peux vraiment pas attendre qu'on soit rentrés, hein ?

-Bah.. C'est normal. Je suis curieuse quoi !

En me remarquant me renfrogner sur mon siège, Shoto décale quelques millisecondes son visage dans ma direction avant d'en rire d'autant plus.

-Des bonbons.. J'ai acheté des bonbons. m'explique t-il.

-Des bonbons ? je répète avec étonnement.

-Oui ! s'exclame t-il avec enthousiasme. A la base, j'y allais pour acheter de quoi fêter notre futur emménagement mais je me suis rappelé que tu prends des médicaments qui ne se mélangent pas avec l'alcool. Et puis en plus, c'est bientôt à Halloween.

Je me mets à sourire bêtement.

-J'ai un copain beaucoup trop attentionné.. je songe. Il va falloir que je fasse de gros efforts pour rester à son niveau.

Shoto active son clignotant et s'apprête à tourner à droite.

-Tu n'as aucun effort à faire, June, je t'aime comme tu es.

Le coude posé sur le rebord de la portière, je lui jette un regard à moitié teinté de surprise.

-Hm.. Dis pas des trucs comme ça quand on est en voiture..

-Pourquoi ? réplique t-il sérieusement. C'est trop tôt ?

-Euh.. Non. C'est juste... Pas le bon moment.. J'ai envie de t'embrasser maintenant.

Il se retient de répondre quelques instants, comme pour éviter d'augmenter la gêne qui rallonge peu à peu les secondes que je passe avec lui.

-T'en fais pas.. On arrive bientôt. »

Sur le coup, je ne réponds pas non plus, la tête divagante de droite à gauche à propos de cette soirée si spéciale et surtout de son impact sur mon avenir. Et face à cette déferlante de suppositions et d'hypothèses sur ce qui pourrait arriver, j'ai un sentiment bizarre qui remonte. J'imagine tout ces instants que j'ai endurés, toutes ces fois où j'ai frôlé la mort et je me demande un peu comment j'ai pu passé à côté de ça, pourquoi je voyais tout cela si difficile, pourquoi je me disais souvent que ma façon d'aimer était la bonne et que je devais aller au bout pour le prouver. Je finis même par me demander si un jour j'ai déjà compris quelque chose au sentiment amoureux, si justement la clé ce n'est pas de vivre chaque moment comme si c'était le dernier tout en sachant que ce ne sera probablement pas le dernier, s'il fallait réussir à être aussi prudent qu'imprudent, si au final l'amour, en tant que tel, n'est pas si compliqué que ça quand on se laisse porter. Et jusqu'à ce que Shoto et moi arrivons à mon appartement, ces différentes idées ne me quittent pas, je les décortique, je les prends toutes entières, et j'essaye pour une fois d'en tirer une leçon utile, une leçon qui pourrait m'aider à garder les pieds sur terre quand ça sera nécessaire.

L'Ombre et la Lumière (Shoto fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant